C’est quelque part dans la ville. Où ? Que nous importe ? Il suffit d’imaginer que là, il dort et il mange. Il y commence et finit ses journées. Il allume la lumière avant de sortir du lit. Il l’éteint une fois le marque-page inséré dans le journal de Kafka au hasard des pages, il détermine ainsi sa prochaine lecture. Il ne s’autorise que ce livre en semaine. Il en connaît par cœur des passages entiers. Il se lève, enfile ses charentaises. Non ! Il se lève et reste pieds nus. Il aime marcher les pieds directement sur le parquet ou sur les tomettes ou sur tout autre sol, ça n’est pas essentiel. Est-ce qu’il prend son petit-déjeuner avant de faire sa toilette ? Et qu’est-ce qu’il mange ? L’important ou ce qui pourrait l’être : il le fait toujours dans le même ordre. Il couvre sa nudité d’un vieux kimono en soie noire et se traine jusqu’à la cuisine préparer le café dans une cafetière italienne. Il a une réserve démesurée de café dans un des placards de l’appartement. Tout comme il détient plus d’une centaine de litres d’eau minérale, une centaine de kg de farines, féculents, riz et pâtes disséminés dans toute la maison. De quoi tenir un siège d’au moins six mois. Non c’est faux. Il boit du thé, il n’aime que le thé. Le thé au jasmin. Le café, ça n’est pas lui. Pas ici. Pas maintenant. Mais ce n’est pas grave ! Il va aux toilettes. Non ! D’abord il prend le journal déposé sur le paillasson. Maintenant il va aux toilettes avec son journal. Le titre du journal ? Il est caché. Le temps passe. La théière siffle. Il regarde sa montre. Le bruit de la chasse d’eau. L’eau chaude qui coule dans sa gorge. L’eau de la douche, s’essuyer, s’habiller, rassembler ses affaires et partir au centre de tri. C’est un lundi. C’est un mardi. C’est un mercredi… Que nous importe ?… c’est un jour de semaine.
C’est amusant d’être arrêté dans son imaginaire et de devoir faire marche arrière pour prendre à chaque fois une autre route
je l’avais lu mais je n’avais pas laissé signe, alors je reviens en arrière et je relis…
beaucoup aimé la transition avec « Non, c’est faux » et il me plaît qu’il boive du thé plutôt que du café, ce personnage en vieux kimono noir
très réussi ce final en toutes petites bribes