Elle a commencé à en faire le tour, par en-bas on voit bien les trois niveaux potentiels. La hauteur maximale du bâtiment doit bien faire dans les 10 mètres. Elle n’est pas experte en mesure à l’œil, loin de là, mais quand même, c’est haut, de derrière.
La seule ouverture de ce côté-là semble inatteignable. C’est une ouverture dans le mur qui date de la construction du bâti. Elle a d’abord vu les abreuvoirs et la porte en bas du niveau le plus bas, puis le chemin très pentu qui longe le corps du bâtiment. Elle en a conclu visuellement qu’il y avait des chevaux, et comme il y a un château en haut du village, elle s’est naturellement dit que ce devait être un ancien garage à diligence. Elle a gardé cette image pendant toute une année, jusqu’à ce que l’historien du village, qui n’était pas Pierre, Pierre ne lui aurait jamais dit la vérité, lui révèle l’activité exacte de l’ancien bâti. Il y avait bien des chevaux. Mais c’était un abattoir. Et l’ouverture servait à faire venir de la paille, certes, mais peut être pas pour les nourrir.
Combien ?
Elle se souvient quand sa mère revenait, rarement, mais parfois quand même, en leur préparant un steak tout frais pris chez le boucher. Comme l’odeur du beurre qui crépite dans la poêle. Comme l’odeur de la viande saisie. Comme le goût du sang chaud, cuit, mort. Comme c’était bon.
Mais là, tout de suite, au moment où le mot « abattoir » a été prononcé, quelque chose s’est à la fois cassé et révélé.
Cela fait quatre ans qu’elles ont acquis ce bâtiment. Elle n’y a toujours rien écrit.
Merci Alexia. Ton texte et ton « comme c’était bon » ont fait ressurgir un souvenir de l’adolescence: ma grand-mère italienne qui une fois par semaine me faisait manger un steak haché de cheval cru avec un jus de citron par dessus. Comme c’est loin, ces recettes de femmes et ces croyances.
Alors c’est un peu gagné…merci.