Elle voit la façade immaculée, d’un blanc que l’on pourrait qualifier de clinique, si l’on ne connaissait l’affectation originale de l’édifice. Le reflet du ciel bleu, un bleu glacial, mordant, comme peut déjà nous en offrir une matinée d’octobre, rend ce blanc d’autant plus froid. A peine quelques nuages moutonnent à la surface de cette voûte métallique qui se réfléchit dans les nombreuses fenêtres. Les chiens assis de la toiture attendent patiemment que la lumière du soleil qui les éblouit s’en aille taquiner d’autres surfaces. Elle avise au rez-de-chaussée, dans la partie droite de l’immeuble, juste à gauche d’une des deux portes d’entrée, une clinique dermatologique, étrange réminiscence. Les lieux se souviennent de leur destination première, c’est indéniable, même s’il ne reste presque plus rien des matériaux d’origine, mise à part la façade. A cet endroit, très précisément, se trouvait le cabinet d’un dermatologue, il a y plus d’un demi-siècle. Elle doute que ceux ou celles qui y exercent aujourd’hui le savent. Elle est depuis longtemps rentrée à l’hôtel, des nuages s’accumulent dans le ciel, des rafales de vent secouent les arbres du square déjà pas mal dégarnis, la façade immaculée est devenue terne et grise, comme sans vie, même si des fenêtres se sont éclairées ici et là. Il est environ seize heures, la lumière du jour déclinante et le ciel d’orage contribuent à plonger le square dans une quasi-obscurité. Elle ne l’a jamais vu sous cet angle-là, elle s’arrange toujours pour s’y trouver en pleine journée et par temps clair.