Cheveux d’enfants emmêlés de mer de sable de soleil. Peaux rougies. Il faut rentrer. Il est tard. On rassemble seaux pelles râteaux serviettes empesées de sel pliants de plage. Démarche prudente de l’arrière-grand-mère sur la plage empêtrée de galets goémon trous dans le sable. La grand-mère lui tient la main ; la grand-tante veille à côté tout en jetant un œil aux filles. Les enfants prennent de l’avance. Une fois rassemblée, la troupe repart. Depuis la plage de la Parée, remonter le bout de rue de la grande maison blanche géométrie offerte aux humeurs changeantes de la plage, lorgner l’Oursin, quincaillerie colorée devant laquelle les fillettes s’attardent avant de saisir une main ridée et glacée malgré la chaleur de l’été. Place Jean-Louis Joubert. L’arrière-grand-mère sourit. Il faut maintenant remonter toute la rue de la Parée. Odeurs de pins. Cris d’enfants. Vrombissement des voitures. Volets verts. Grilles en fer forgée. Jardin mystérieux qui cache une maison d’enfance. Volets bleus. Aboiements de chiens qui font sursauter la troupe. Cris et rires nerveux de l’aînée et de la grand-mère. La grand-tante se moque. Colonie de vacances. Espace en friche avec une pancarte : « Terrain à vendre ». Volets verts bleus rouges bleus surtout. Vaste maison dans un jardin-pinède. La table est dressée pour l’apéro du soir. La chaleur est retombée. Fenêtres ouvertes. Volets fermés. Une engueulade. Des serviettes qui sèchent. Un vélo sur le trottoir. Faire un écart. L’arrière-grand-mère est fatiguée. Il est temps de rentrer. La petite grille. Les herbes grillées. La maison rouge. Les filles font la course. La grand-mère sort la clé.