au centre du jardin la spirale un cri étouffé la spirale de graviers autour d’un trou sombre elle se précipite son enfant s’avance, château branlant, sur les pierres plates le soleil est passé derrière l’immeuble voisin il avance vers le centre du jardin ondulations des graviers elle se précipite derrière lui sur l’allée de pierres plates pieds nus, l’enfant tangue la spirale de graviers blancs l’enfant tangue mais ne tombe pas la spirale parfaite il atteint la dernière pierre et s’accroupit à ce moment-là elle étouffe un cri l’enfant tend la main vers la spirale parfaite à ce moment-là elle se précipite alors il tend les deux mains vers les graviers parfaits elle supplie non ! non ! mais pas trop fort l’enfant glousse d’excitation non ! non ! elle supplie doucement joie des mains imaginant plonger dans les graviers elle supplie doucement pour ne pas déranger Mirna joie des graviers à saisir à pleines mains l’enfant rit joie des graviers parfaits à jeter en l’air l’une après l’autre deux corneilles survolent le petit jardin l’enfant lève la tête battements d’ailes noires Mirna laisse tremper son pinceau dans un verre d’eau le soleil frappe les vitres de l’atelier elle sort sur la véranda pas un souffle d’air elle passe d’une pierre à l’autre le soleil oblique épargne le centre du jardin elle s’assoit sur la dernière pierre une feuille de robinier a atterri sur la spirale elle la retire délicatement de sa main gauche et reste assise en tailleur, mains sur les genoux immobile si elle ajoutait un buisson à son jardin ? elle regarde les plis de la spirale un peu trop proéminents vers le centre une corneille se pose sur le rebord du toit en pente peut-être un houx ou un cornouiller peut-être deux ou trois arbustes ? elle observe la courbe qui s’enroule autour du trou qui prend trop la tangente en s’éloignant du centre elle se lève pour mieux la voir la spirale déformée est-ce le vent de la nuit dernière ?
C'est une esquisse qui se développera, je l'espère. Je la publie en l'état pour revenir dans le rythme de l'atelier. En écrivant la #09, la question du temps a aussitôt surgi, #09 et #O9bis m'ont paru indissociables.
J’aime le choix de l’espace pour ce texte, la spirale, la marche titubant de l’enfant et la scène si réaliste et connue devient une mise en scène parfaite, puis tout ce qui échappe et prend la tangente. Merci, Muriel.
Merci beaucoup pour ce retour Anne qui me donne envie d’aller creuser un peu plus loin cette spirale.
j’ai eu peur que l’enfant… on ne sait jamais… et elle supplie doucement
toujours ces mouvements calmes
et il y a l’oiseau chez toi aussi, la corneille… et le jardin
tout un doux monde…
c’est vrai il est question d’un trou sombre, il n’est pas écrit qu’il est petit et en relisant, on pourrait craindre que l’enfant ne tombe dedans…
oui j’aime beaucoup les oiseaux, j’aimerais les connaître mieux….
merci pour ton passage chère Françoise.
j’ai pensé que Mirna se souvenait d’un enfant qu’elle n’a pas eu j’aime beaucoup aussi l’écho avec la proposition précédente et Song ( Il aimerait plonger ses mains dans les graviers blancs) et toute la nature présente les pierres plates l’air absent les feuilles le soleil, un très beau texte
Merci beaucoup Isabelle pour votre lecture attentive.