Camille replie ses vêtements et les empile sur une étagère de l’armoire en chêne sombre. Comme prêts à reprendre leur place dans le sac à dos. Sur la tablette inférieure elle aperçoit un mouchoir de coton blanc ourlé de dentelle, repassé et plié soigneusement. Elle en caresse le tissu jauni par endroit, s’attarde sur la broderie tissé en relief par un fil blanc, en dessine le contour du bout de l’index. Une boucle, une envolée, une ligne droite. Un F ? Un L ? Un T, comme l’initiale de son nom de famille, de celui de sa mère, de celui de son père ? Elle qui avait déposé un baiser dans son cou, lui, la main sur son épaule avant de prendre le bus du soir, devançant les vagues de la marée montante sans jamais revenir. Elle avait promis d’être sage, de toujours écouter, elle n’avait pas promis la gaieté, ni d’oublier le chagrin. Elle déplie le mouchoir et le porte au visage, le voilant aux ombres des cauchemars. Des silhouettes, la courbe d’un visage, la force des bras. De quoi se remémore-t-elle encore ? Des voix dont elle ne se souvient plus ? La chambre transpire soudain d’une solitude immobile. Une larme s’écoule sans qu’elle ait pu l’en empêcher. Elle n’aime pas se sentir prisonnière de cette langueur. Petite, le jardin recevait larmes et colère, coups de pieds, coups de poings et amis imaginaires. A cet instant elle ouvre grand la fenêtre de la chambre, respire le roulis sauvage du vent et le bruissement des grands arbres. Elle replie le mouchoir et le pose près de sa pile de vêtement comme si elle en avait pris possession.
aurais je oublier l’expansion ? peut être… | j’ai poursuivi la #06 qui s’intégrera dans les autres # | cycle propice au travail sur un chantier en cours | très reconnaissante de tout ce cheminement
Une armoire de bois sombre, une initiale brodée, et une histoire secrète se raconte
je ne sais pas trop qui est Camille mais ça n’a pas d’importance, je la suis et la comprends
A la fin il me reste une expression : « la force des bras »…