Gueules d’iris barbus, noirs, bleus nuit, bruns aux mâchoires jaunes. Les fleurs se détachent comme mises en avant, extraites du fond vert, flou, du petit tableau (25 x 25 cm). Elles sont peintes avec un mélange de réalisme et de stylisation qui est la façon de Mirna. Cette nouvelle série comporte la particularité de suggérer une forme de monstruosité voire de dangerosité des fleurs (cependant fort belles) par une dramatisation du premier plan où les pétales se déploient dans une lumière solaire fortement contrastée par des ombres étranges qui semblent curieusement immanentes aux fleurs. L’étrangeté des ombres attire insidieusement les yeux sans que l’on puisse au premier regard déterminer la raison de cette étrangeté. La série se nomme Iris 8-1, elle comporte les huit tableaux (tous de format 25 x 25 cm) ici exposés et fait partie d’un ensemble de huit séries, respectivement nommés Iris 8-2, Iris 8-3, Iris 8-4, Iris 8-5,, Iris 8-6, Iris 8-7, et Iris 8-8, cette dernière série étant encore à l’état d’intention. Sur le premier tableau de la série Iris 8-1 quatre fleurs d’iris apparaissent au premier plan. Une magnifique fleur noire, veloutée, aux reflets pourpres, occupe la plus grande place sur la gauche de la petite toile. À ses côtés, moins large, une fleur bleu nuit déploie ses pétales et tépales au cœur strié de fistules blanches. Au centre de la toile, en partie masquée par les pétales bleu nuit, une fleur brune et jaune semble gonflée par un souffle de vent. Dépassant le centre du tableau, légèrement en retrait, un iris rose pâle adoucit l’ensemble de la composition. Le fond vert, comme flouté, suggère l’étendue d’une pelouse.
Gueules d’iris barbus, noirs, bleus nuit, bruns aux mâchoires jaunes. Densité. Sur le second tableau de la série Iris 8-1 les quatre fleurs d’iris apparaissent toujours au premier plan. La magnifique fleur noire, veloutée, aux reflets pourpres, occupe la même place sur la gauche de la petite toile. Sa peau lustrée apparaît plus vive que sur la première toile. À ses côtés, moins large mais tout de même imposante, la fleur bleu nuit déploie ses pétales et tépales au cœur strié de fistules blanches. Au centre de la toile, en partie masquée par les pétales bleu nuit, la fleur brune et jaune, gonflée par un souffle de vent, offre elle-aussi des couleurs plus vives que sur la première toile. Dépassant le centre du tableau, légèrement en retrait, l’iris rose pâle adoucit par contraste l’ensemble de la composition réalisée avec des couleurs plus soutenues que dans le premier tableau. Le fond vert, toujours flouté, suggère l’étendue d’une large pelouse. En observant attentivement ce fond, on note la présence d’une forme horizontale de couleur crème ainsi que d’une tâche rectangulaire et bleutée.
Gueules d’iris barbus, noirs, bleus nuit, bruns aux mâchoires jaunes. Densité. Avec silhouette. Sur le quatrième tableau de la série Iris 8-1 , seules trois fleurs d’iris apparaissent au premier plan. La magnifique fleur noire, veloutée, aux reflets pourpres, occupe toujours sur la gauche la plus grande place, peut-être encore plus grande. À ses côtés, la fleur bleu nuit déploie ses pétales et tépales au cœur strié de fistules blanches. Il semble que ces lignes blanches soient moins prononcées que sur les premières toiles. Au centre, en partie masquée par les pétales bleu nuit, la fleur brune et jaune, gonflée par un souffle de vent, a gagné de l’espace sans doute suite à la disparition de l’iris rose pâle qui adoucissait la composition. L’ambiance de la quatrième toile est dès lors plus sombre, moins empreinte de l’illusion bucolique des premières. On a la sensation qu’un orage menace, la violente lumière qui frappe le bord de certains pétales est inégale, électrique. Le fond, comme flouté, semble d’un vert plus intense que sur les premières toiles, confirmant l’impression d’orage imminent. Le fond du tableau semble s’être rapproché, le vert fondu est bien celui d’une pelouse. La forme horizontale de couleur crème pourrait être celle d’un banc et il semble que la tâche bleutée – également assombrie – représente un petit bassin. Un élément nouveau a été introduit avec la disparition de l’iris rose pâle, une silhouette sombre, indistincte, est apparue au fond du tableau.
Gueules d’iris barbus, noirs, bleus nuit, bruns aux mâchoires jaunes. Densité. Avec silhouette. Tout droit sorties de ses cauchemars. La nouvelle série de Mirna, nommée Iris 8-1, comporte huit petits tableaux (format 25 x 25 cm) représentant des iris. Ces toiles ont la particularité de suggérer une forme de monstruosité voire de dangerosité des fleurs (pourtant fort belles) peintes avec un mélange de réalisme et de stylisation qui est la façon de Mirna (on ne dit plus signature depuis longtemps et d’ailleurs Mirna ne signe pas ses œuvres de son nom mais d’un petit signe ésotérique qui a valeur de talisman). Les fleurs se détachent, comme mises en avant, extraites d’un fond vert, flouté, qui se révèle d’une grande importance quand on suit le fil des huit tableaux de la série. La dramatisation du premier plan a été jugée excessive, trop lyrique par quelques critiques qui ont modérément apprécié la série. Ils ont trouvé la présence des pétales trop appuyée par une lumière fortement contrastée et des ombres étranges semblant curieusement immanentes aux fleurs. Cependant le visiteur de l’exposition est immédiatement attiré par la série Iris 8-1, l’étrangeté des ombres attire impérativement ses yeux tout en troublant sa compréhension immédiate de la scène car on ne détermine pas au premier regard (et difficilement ensuite) la raison de cette étrangeté. La série Iris 8-1, fait partie d’un ensemble de huit séries, respectivement nommées Iris 8-2, Iris 8-3, Iris 8-4, Iris 8-5,, Iris 8-6, Iris 8-7, et Iris 8-8, Mirna a récemment indiqué qu’elle reporterait l’exposition de cette dernière série. Quand on l’a interrogé sur la particularité de sa nouvelle série, Mirna a répondu qu’elle avait depuis l’enfance, au fond de ses sensations, comme en arrière-plan de sa conscience, une sorte de jardin maléfique, peut-être un jardin décrit dans un conte, peut-être un jardin où elle-même était allée… toujours est-il que c’est cette sensation de jardin maléfique qu’elle voulait représenter et surtout faire ressentir dans ses séries Iris 8.
Dans le dernier tableau de la série Iris 8-1, la fleur noire reste seule au premier plan, tellement agrandie que ses pétales débordent l’angle du tableau – on croit entrer en son cœur – et que sa peau lustrée de reflets pourpres apparait floue à certains endroits alors que la silhouette devient plus nette, presque compacte. Le fond vert rendu intense par la lumière d’orage sur les tableaux précédents est ici légèrement délavé comme atténué par une lumière de pluie. La silhouette sombre, un homme, avec un chapeau, et peut-être une barbe, avance vers le premier plan, il avance vers la personne qui peint et maintenant vers celle qui regarde la toile. Malgré sa silhouette sommairement dessinée, quelque chose dans sa posture imprime comme une menace sur l’ensemble de la composition. Si l’on regarde le fond du tableau en s’approchant de plus près, on voit des détails apparaître. Un arbre en fleurs, peut-être un cerisier ou un prunier, est enfoui dans l’ombre derrière le banc où un enfant vient de déposer un jouet. L’enfant essaie de défaire les nœuds de ce qui pourrait être un bilboquet. Quelques gouttes d’eau rebondissent à la surface du petit bassin. L’homme continue d’avancer vers le spectateur du tableau, on dirait qu’il veut l’empêcher de regarder le fond du tableau. De grosses gouttes frappent l’eau du petit bassin. L’enfant relève la tête et regarde le ciel noir. Il n’a pas envie de rentrer à la maison. Pas du tout. Tout à coup, on comprend que c’est lui qui est en danger, surtout s’il rentrait dans la maison. On comprend aussi que les fleurs ne sont pas maléfiques mais qu’elles alertent le visiteur de l’exposition du danger encouru par l’enfant. La silhouette sombre, l’homme, ne veut pas être peinte ni photographiée, elle ne veut pas que sa présence dans ce jardin soit remarquée.
Gros plans fleurs…
on dirait que tu les as peints toi-même pour les décrire ainsi
je pense forcément à une inspiration O’Keefe pour traiter les fleurs de si près et avec autant d’intensité….
le mot mâchoire nous tire vers le « maléfique », un exorcisme que la création de cette série pour Mirna ? et cette scène avec silhouette qui se déroule en arrière presque invisible… peut-être une explication au secret de la toile…
Je dois avouer que je ne connaissais pratiquement pas Georgia O’Keefe mais je suis frappée en regardant ses œuvres par la proximité avec ce que j’imaginais des peintures de Mirna !
oui la création a sans doute une fonction d’exorcisme pour Mirna dont je découvre peu à peu les zones d’ombre…
Merci beaucoup Françoise pour tes précieux retours.
Oh, ils sont beaux ces tableaux qui se racontent les uns les autres dans le vertige du mouvement et l’illusion du regard. Le dernier texte est formidable et Mirna se dessine elle-même dans l’étrangeté de ses créations. Merci, Muriel !
Merci infiniment Helena pour ton écho, il est vrai que se dessinent à travers l’étrangeté des créations de Mirna des failles que je n’imaginais pas avant.
Magnifiques, ces iris ténébreux, me font penser aux amaryllis de Philippe Cognée…
https://www.artistikrezo.com/art/philippe-cognee-carne-dei-fiori-la-beaute-tragique-et-sensuelle-des-fleurs.html
Merci Catherine pour cet écho et les splendides amaryllis de Philippe Cognée…