Je ne t’ai pas assez parlé du goût de la pomme,
je n’ai pas assez parlé de cette odeur, celle de l’huile de massage une décoction qui aurait macérée au soleil depuis des semaines une fermentation d’herbes et de racines décomposées submergeant mes narines malgré une apnée frénétique et que mon corps imbibé exhale jusque la nausée. Ces particules suffocantes collent l’air des murs jusqu’au sol gras du couloir qui me conduit dangereusement vers ma chambre, à tout prix éviter la chute. Dans cette pièce à l’humidité palpable de quelques moisissures, qui me prend à la gorge, de cet équilibre instable pareil à l’enfant qui apprend à marcher je glisse mes pas dans la pièce, vers la douche apaisante, cette citadelle qui désaltère ; et dans ce ballet liquide je me ressourcerai et me débarrasserai de cette épaisseur odorante. L’eau trop douce m’oblige à frotter et ne plus m’arrêter, et comme des vagues effacées je guette le retour à une peau nourrie et pourtant moins luisante. La caresse du linge efface toute trace et je plonge avec délice dans ce lit aux draps frais, la paix retrouvée mon corps s’enfonce, la brume d’oreiller envahit mon cerveau, un nuage de sommeil l’emporte.
Je n’ai pas assez parlé de l’odeur de liberté qui remonte le long de mes jambes alors que grouillent dans mon ventre mille et une étoiles de jasmin. D’un chouchou j’attache en chignon mes cheveux assouplis à l’huile de safran. Libre et solennel, à même la peau j’enfile l’ensemble de lin blanc à l’odeur cotonneuse. Face à la porte en bois de palissandre qui me rappelle la violette, un temps suspendu, encore un instant je savoure ce moment…
entre fermentations d’herbe et palissandre
ça donne envie de se caler dans ce ballet liquide et apaisant…
on savoure !
Tu le racontes bien, tu l’écris tout aussi bien. J’aime ce début, même emprunté, il fonctionne bien, je trouve. Merci, Raymonde.