Je n’ai pas assez parlé de cette odeur passée. Les allées venues de la cuisine à la salle, de la terrasse au comptoir. Les effluves de la pêche du jour cuisiné pour les ouvriers à l’heure du déjeuner, la musique, les éclats de voix au jardin embaumant le soleil emmagasiné tout le long de la journée. Servir, desservir, remplir les verres au rythme des mélodies, enivrés par l’air frais des fins de journées et les pollens en suspension dans l’air. Un bar lumineux de ce joyeux tohu-bohu ! Un jour, Augustine et Marcel ont recouvert les meubles d’un drap clair et la valse a pris fin. C’est étonnant, le silence. Ça ne sent rien. Puis elle avait oublié d’éteindre le gaz quelque fois. Un trouble minuscule. Une pensée échappée. Alors on lui a interdit de cuisiner. Elle respire le thym citronné et la sarriette au creux de sa main, fait tourner les brins du bout des doigts, les égrène avant de les souffler au vent. Elle ne mijote plus, n’imprègne plus son tablier fleuri du plat du jour.
premier jet à développer. un chemin vers lequel je ne serai pas allée sans la proposition.
Un texte court, de préparation, comme vous le mentionnez, mais à moi il me semble complet, dense, dit tout en si peu de mots. Un privilège !
Merci Héléna ! Vos mots me rassurent.
Odeurs, effluves, cuisine, thym citronné, sarriette
on respire entre les doigts de celle qu’on empêche désormais de cuisiner… « un trouble minuscule » qu’on éprouve nous aussi…
Mon personnage d’Augustine me tient tant à cœur ! Très heureuse qu’elle puisse troubler.