« Where I come from, a town in the east, there’s a specific smell in the air, at least for me, each time I arrive nearby. The smell of work. I can feel it everywhere in the town, it’s in the air, on the walls, on the skins of whatever lives in this town. At least, for me.”
C’est en le disant que je m’en suis rendue compte, je n’y avais jamais pensé avant. Il aura fallu une question innocente d’une américaine qui n’a jamais mis le pied sur le territoire français pour que je me rende compte de l’odeur spécifique que je n’ai jamais senti ailleurs, ni en France, ni au Maroc, ni en Écosse, ni, ni.
Et qu’il aura fallu que je quitte longtemps avant de. Pourtant, j’ai travaillé beaucoup, dans de bien différents endroits. Mais je me suis toujours sentie un peu seule au bout d’un moment. Cette ville. On n’y respire pas, on travaille. On ne dort pas, on travaille. On ne vit pas, on travaille. Et ce n’est pas une question. Il n’y a pas de questions. Elle me manque cette ville, et cette odeur. C’était plus simple. Aucune question. Tant qu’il y a l’odeur du travail qui relie chaque morceau de soi au reste de la ville. Comme sous une bulle. Protégée. Tant qu’on travaille, on vit. Et un jour on arrête de travailler, et alors on meurt, et on peut enfin se reposer.
L’odeur des villes, je n’y avais jamais pensé. Et la respiration. Et le travail qui pèse. J’aime beaucoup.
P.S. : En lisant le premier paragraphe, je me suis rendu compte que mon anglais n’était pas trop rouillé.
L’odeur des villes est un vieux rouage, mais toujours fonctionnant. J’avais retrouvé à l’époque (et oui, j’ai perdu l’archive), un texte d’un politicien (?) romain parlant des « nouveaux arrivants » dans Rome (les Vandales?) et se plaignant, dans la traduction, « du bruit et de l’odeur » de ceux-ci.
Merci du passage.
le travail qui pèse et qui occupe les murs et les temps et investit jusqu’à l’odeur de la ville
l’odeur de cette ville quelque part dans l’Est qui fait tenir et qui d’ailleurs te manque…
Je crois bien, pour y être retournée une fois il y a fort, fort longtemps, que cette ville n’existe plus. Je ne suis pas sûre qu’elle ait jamais existé, ailleurs que dans mes Zyeux. Merci du passage.