Extrait du journal intime de Frank Falhaud
(à dater)
Ce matin j’ai vu pour la première fois la femme du 7 rue Alice Guy… je ne l’ai pas immédiatement reconnue… malgré son regard insistant… elle a froncé les sourcils, penché légèrement la tête à droite, s’est avancée et m’a demandé si j’étais bien Frankie, le Frankie du Lycée H… j’ai bien compris que je devais la connaître mais son visage ne me disait rien, ni sa voix… et quand je lui ai dit que c’était bien mon nom elle s’est fendue d’un large sourire… même ce sourire m’était étranger. J’ai continué à glisser le courrier dans les boites aux lettres de l’immeuble en réfléchissant et une gêne certaine s’est installée qui m’a rendu maladroit. La femme du 7 rue Alice Guy… attendait que je la reconnaisse en me donnant des indices qui m’enfonçaient de plus en plus dans le pétrin… un magazine m’a échappé qu’elle s’est empressée de ramasser…. tandis qu’elle se relevait, une sensation fugace, furtive, m’a alerté… je la connaissais… oui je connaissais cette femme… une certitude… soudaine et déconcertante. Elle m’a tendu le magazine et avant qu’elle n’ait le temps de me dire son nom, je savais… je savais à cause de l’odeur, de son odeur… le lycée… le cours de musique… l’adagio d’Albinoni… le parfum ambré de cette fille assise juste devant moi … moi, les yeux fermés… habité de la tête aux pieds par cette musique-et-cette odeur, par cette odeur-et-cette musique… Sophie D. ! Elle s’appelait Sophie D.
Maintenant elle s’appelle Sophie B.
Ce qui revient à partir d’une odeur qu’on reconnaît soudain et qui nous bouleverse.
J’aime bien la poursuite de la distribution du courier d’épisode en épisode, je me demandais comment les odeurs allaient croiser ton récit. Bien trouvé ! Odeur-musique, musique-odeur… entêtant.