frottant, savonnant membres, saillances, creux, renflements, fentes, cavités savonnant de nouveau la peau lisse satinée la frottant rudement impossible effacement la sensation du shampoing liquide sa fraîcheur sur le cuir chevelu malaxé par les doigts pétrissant l’épaisseur des cheveux dans la mousse les yeux fermés sous le jet chaud de la douche qui emporte les rigoles savonneuses sous la longue serviette enveloppée, quelques gouttes glissent jusqu’aux chevilles, mouillent le tapis de bain s’essuyant entrouvrant légèrement le tissu éponge laissant refléter dans le miroir embué le ventre doux, la rondeur d’un sein déjà trop ne se regarde jamais entièrement nue ne veut pas voir sa merveilleuse nudité n’existe que morcelée essorant ses longueurs de cheveux dans une autre serviette la tête penchée en avant les pieds un peu en dedans séchant soigneusement les humidités résiduelles vaporisant une fraîcheur d’agrumes au creux des aisselles puis dans la pénombre de la chambre sans miroir laissant glisser la serviette sur une chaise enfilant culotte et brassière sur le lit les vêtements neufs tunique blanche – pantalon noir – veste anthracite un uniforme de bureau sur la table de chevet des anneaux d’oreille et un comprimé blanc sécable observant sa tenue devant le miroir de la salle de bain démêlant les cheveux les attachant en queue de cheval soulagée par son allure anonyme et par la veste dissimulant les formes elle dépose une ombre irisée au bord de ses paupières insère les anneaux dans le trou de ses lobes avale le comprimé entier et se regarde dans les yeux esquisse un sourire résolu sera à la hauteur, honorera ceux qui lui font confiance
Délaissant momentanément le Professeur Song et Mirna pour approcher plus près de L., mon personnage le plus insaisissable.
belle et mystérieuse – tout en secrets retenues réserves et énigmes… un bien beau personnage
Merci Piero ! Bien contente que le personnage de L. te plaise
étirements parcellaires où le corps se dévoile, comme un haïku qui se prolongerait. Merci Muriel pour toute la sensualité de ce texte.
Merci Michael pour votre passage. J’ai la sensation que c’est un personnage qu’on ne peut découvrir que par fragments
« n’existe que morcelée », ainsi je la vois, aveugle à elle même dans ce halètement du texte, devenant peu à peu quelqu’un d’autre dans l’habillage et le nouage des cheveux
ce comprimé, énigmatique…
rythme sensuel et lent, comme j’aime… les espaces entre fragments te vont bien !
Un grand merci Françoise pour ta lecture attentive. Tu as bien perçu L., morcelée, parvenant un peu à se réunir en devenant comme une autre une fois habillée… oui cet énigmatique comprimé blanc… et les blancs entre les fragments je les utilise souvent c’est vrai, ils apportent – je trouve – quelque chose de plus à la ponctuation.
Insaisissable, mais très bien saisie ! Pour le lecteur, ces personnages troublants et énigmatiques sont un régal; pour l’auteur, un plaisir ?
Helena merci pour ton commentaire qui m’a donné à penser ! Si L. est en effet un personnage troublant et énigmatique, je ne pensais pas qu’on pouvait ressentir cela aussi de personnages comme Song ou Mirna. Est-ce la façon de les approcher, peu à peu, en prenant ce qu’ils me donnent à percevoir au fur et à mesure, qui les rend troublants et énigmatiques ? Alors tant mieux ! je suis ravie de l’effet produit sur le lecteur. Quant à moi, il y a en effet un immense plaisir à les écrire mais aussi de l’inquiétude par moment surtout pour Song et L. J’imagine que tu dois aussi ressentir ça pour Adrien ?
Oui, je crois que c’est la façon de les approcher, mais aussi la façon qu’ils ont de nous surprendre. On écrit ce qui veulent nous donner, ils écrivent à notre place. C’est du moins ce que je ressens, pas très souvent, malheureusement, mais quand cela arrive, c’est effectivement un très grand plaisir ! Pour l’inquiétude, j’en ressens aussi, en me disant « Est-ce vraiment cela qu’il/elle veut ? » 🙂
Emportée .., et le corps est magnifiquement là vivant palpable . Merci
Merci infiniment Nathalie pour cet écho.
J’aime beaucoup cet étrillage dans les règles, presque violent, de ce corps qui s’ignore et se voudrait anonyme. J’ai pensé (juste pour le thème toilette) au beau texte de MH Lafon sur la toilette du père… Merci
Merci Catherine pour ce retour, je retiens le mot étrillage (peut-être pour la suite) et l’envie d’aller faire un tour du côté de MH Lafon.
une scène intime exposée dans une certaine routine, corps naturel – corps contraint, on suivrait bien L. dans une autre scène une fois dehors… Les participes présents fonctionnent bien et les espaces aussi.
En effet, il y a cette idée de routine et de contrainte qui ressort à la relecture. On pourra suivre de nouveau L. dans la 7bis. Merci Nolwenn pour ton retour.
J’aime bien la présentation de ces textes ainsi avec les blancs qui induisent une lecture plus incisive et s’accordent avec le regard morcelé.
J’utilise beaucoup les blancs (peut-être trop parfois), ils apportent une respiration que je ne trouve pas avec les points de suspension.
Merci pour votre lecture Solange.
arrivée ici depuis le noir qui tremble et la partie de dominos, lu et aimé. ce nu de L à sa toilette, la pudeur, la distance et l’intimité tout à la fois. la justesse.
Merci Véronique d’être passée par ici