Photo : Jad Seif / Collection personnelle
Elle l’attend — devant la fenêtre — dans ce monde en noir et blanc où rien ne se démarque — elle attend — pattes antérieures en avant — allongée — les pattes postérieures de travers — et elle a dans la posture quelque chose de la reine d’Égypte tyrannique qui nonchalamment exige qu’on la serve — elle aime être le centre de toutes les attentions — elle aime qu’on l’aime et arrogante elle ne le montre pas trop — elle attend — quelqu’un — quelque chose — elle attend et espère — qu’y a-t-il au-delà — elle ne sait pas — parfois des chats passent elle les considère avec méfiance — un grillage les empêche de passer — la fenêtre déchire le mur blanc — le mur triste est d’un blanc monotone — dehors l’obscurité est tout aussi monotone tout aussi triste — elle attend et il y a quelque chose de triste dans son regard — il y a des jeux dans son regard triste — il y a des poursuites des rires — il y a des caresses qui troublent son sommeil — des baisers — des chansons — elle attend quelque chose — quelqu’un — elle crève d’attendre — elle attend et elle crève d’être triste — elle est immobile dans l’encadrement de la fenêtre — l’obscurité que crache la fenêtre l’avale elle éclaire un peu la nuit et son regard est sombre son regard est triste — il y a du souci dans ses yeux — il y a des souvenirs là-dedans — et elle pense — elle pense à celui qui la portait — qui le soir la portait — il la portait elle pesait sur ses bras — elle dormait dans ses bras — elle rêvait contre son cœur — elle tourne le dos au monde — elle a le regard triste et elle se souvient — elle se souvient parfois elle lui faisait le dos rond — aussitôt elle courait petite souris — elle le provoquait pour qu’il la poursuive — ils jouaient à cache-cache — elle se cachait attendait qu’il la trouve il la trouvait elle quittait sa cachette pour s’en trouver une autre — elle attend — elle se glissait dans les vêtements sous les meubles derrière le frigidaire entre les pommes de terre — elle tourne le dos à la fenêtre — des chats passent par là parfois — ils l’observent elle les observe patiente avant de bondir de feuler de montrer les dents c’est elle la patronne mais ce soir elle n’a pas la tête à ça — ce soir elle est triste — elle est posée devant la fenêtre — elle attend.
magnifique observation…
désolée de ne pas avoir temps ni force de commenter et lire en ce moment, tente de vous rejoindre
Il ne faut pas s’excuser. Je n’ai pas commenté énormément de textes ces derniers temps. Et quand on a des difficultés ou peu de temps, c’est compréhensible.
garde la reine d’Egypte, le mur blanc et l’attente