Elle est debout devant la fenêtre de cuisine, la paume posée sur la poignée ovale. Sa robe parme boutonnée jusqu’au cou éclaire son visage. Elle a les yeux bleus, les lèvres fines et mille taches de vieillesse sur le dos de la main. Dans la cour, les géraniums tremblent à la rosée du matin, les dahlias enroulent leurs pétales à l’ombre du mur mitoyen. Elle est sur la pointe des pieds prenant appui de sa main gauche sur le rebord de l’évier. Ses jambes se dévoilent, blanches et maigres. Le petit tabouret est rangé dans l’angle du buffet. L’escabeau et l’échelle dans le cellier. Elle ne sait plus en descendre, les marches flottent, l’équilibre vacille. Elle a étiré le corps jusqu’à grimacer. Elle veut faire entrer la fraîcheur. Un léger courant d’air. Laisser échapper les odeurs du diner de la veille, respirer, observer les fleurs, regarder le ciel, y deviner la météo de la journée, s’égarer dans ses pensées. Ensuite, elle préparera le café.