Je n’ai pas assez parlé de l’odeur sous l’odeur. On la sent soudain, ça passe, mais c’est ça, on tourne autour d’un creux qui sent, on l’oublie aussitôt, c’était ça, on se souvient d’une odeur absente, et c’est ça qui reste. C’est, je distribue le courrier dans cette allée tous les jours, et ça peut arriver là, quand le détergent du ménage matinal et le remugle des caves se mêlent au bon moment. L’odeur de la vielle. A Maputo, le long des palissades de chantier ça sent fort l’urine, et c’est là, quand un frangipanier est en fleur. Je passe devant un salon de coiffure, une odeur de laque, c’est ça. L’odeur de la vieille. L’ambre solaire entre les orteils, le sable s’y colle, le caramel d’une friandise fond quelque part, c’est ça. L’odeur de la vieille qui ne sent ni l’urine ni la cave, qui se lave avec du Tahiti douche au Monoï et habite une maison humide dans une rue bordée d’orangers en fleurs, trop chaude en été pour ne pas aussi sentir la charogne. C’est ça, une odeur d’enfance dont l’absente est la vieille.