Marcel a fait une folie. C’était le dix-huit novembre mille neuf cent quarante et un. Acte de vente enregistré à La Rochelle folio 82, case 18, volume 760 bis. Une maison d’habitation comprenant au rez-de-chaussée, un fond de commerce, une grande cuisine, une salle à manger, un salon avec cheminée prolongé d’un jardin d’hiver couvert d’une verrière et agrémenté d’un laurier rose, de géraniums, orangers et citronniers en pot, un cellier et un cabinet d’aisances donnant sur une cour dans laquelle il y a un puits et un grand timbre en pierre. Un large escalier menant au premier étage, deux chambres à coucher donnant sur la rue, une sur le grand jardin, un cabinet de toilette et un grenier. Un jardin dans lequel il y a une pompe et un lavoir, le rouge et le rosé des dahlias, l’oranger des œillets d’inde, trois poiriers, deux pruniers, un abricotier et deux pommiers, un potager dessiné au cordeau et des plants de haricots, salades, fraisiers, pommes de terre, et poireaux en hiver, un poulailler et un clapier, une prairie au bout sud d’une contenance de soixante seize ares, soixante centiares, un cours d’eau autour de ladite prairie recouvert d’un millier de lentilles d’eau et traversé par deux ponts et des dizaines de canards et de grenouilles, un bois de trente trois ares, vingt cinq centiares, cinquante chênes et deux cabanes, l’une à foin, l’autre à bois communiquant avec la rue par une venelle. Une seconde cour avec son entrée séparée où il y a deux chambres, une ancienne écurie et un pigeonnier.
Une envie déraisonnable.
Augustine le dit à Camille, le visage éclairé d’un sourire joyeux.