elle court elle s’engouffre bras levé en signe de signal, urgence postée dans le regard, les lettres de l’urgence imprimées dans tout son corps tendu vers le but, le clignement intempestif la fixité de l’oeil aimanté par l’objectif de venir de si loin – avions retardés sur des tarmacs désoeuvrés – et la volonté de passer coûte que coûte d’arriver au but Terre Promise par la réclame tapageuse du site de voyage : Sur les traces de San Mao blablabla écrivaine bla icônique blabla au destin blabla tragique blablabla blablabla … c’est ainsi que s’écrit cette histoire, empreintes à mouler à combler en Danaïde servile à récrire à filmer façon palimpseste – il y a ces photos de San Mao et de J. un plein album, San Mao en robe longue dans les dunes San Mao devant un chameau San Mao devant la porte de sa maison San Mao dans les bras de J. clichés aux couleurs passées du passé numérisés renumérisés vendus et revendus à tous les touristes chinois qui arrivent sur les traces de. Sur la table du petit salon de l’hôtel, le gros album bourré de toutes les photos prises par San Mao et par J. Il n’a pas de prix, à peine les milliers de kilomètres pour arriver de loin de l’est dans la petite salle défraîchie où même le ventilateur prend la pose – Mei s’enflamme comme une arquebuse, cherche son portable, pour payer, avant même d’avoir formulé sa demande, avant même d’avoir dit, j’aimerais je voudrais je suis ici pour – non – payer d’abord acheter posséder – des reproductions des clichés passés du passé – c’est si simple, sortir le portable et payer acquérir posséder, mettre la main sur. Mei transpire à grosses gouttes sort un éventail de son grand sac blanc bleu, et s’énerve à l’intérieur, croit comprendre dans l’anglais cabossé du réceptionniste qu’elle ne pourra régler qu’en dirhams, que le guichet le plus proche se trouve avenue de la Mecque à près de deux kilomètres, il lui conseille d’y aller en taxi la course coûte six dirhams