Brouillon, les tentatives de Sonia pour répondre aux consignes.
- dans la nuit de samedi à dimanche, Sonia se figura qu’elle n’aurait rien à écrire sur aucune nuit jamais d’aucun samedi à aucun dimanche
- dans la nuit de samedi à dimanche, Sonia admire la nuit, songe à la place de l’insomnie dans sa vie, se lève sans bruit, la nuit lui appartient, n’attend rien du matin
- dans cette autre nuit de samedi à dimanche, à Paris, à songer au calvaire de sa mère eut peur de devenir folle, se rapprocha de Félix, eut envie de l’éveiller, que ses bras l’apaisent. se lève, apaisement par les pieds dès qu’ils se posent au sol, les gestes lents, les gestes ralentis, écrira
- dans une nuit de samedi à dimanche, se questionna une fois de plus sur ce qui en elle était de si mauvaise volonté, s’adressa calmement à l’entité inconnue.
- dans la nuit de s à d, rêva, par 2 fois rêva, dormit. au réveil remercie le ciel des rêves reçus, les écrit.
comment dire comment ces nuits toujours uniques toujours différentes, toujours tellement uniques, pourtant se ressemblent, s’assemblent, se superposent, se confondent, connaissent cependant une progression. s’apprivoisent. tout en restant chacune tellement une, tellement terriblement une, unique. et dans la perte déjà d’elle-même, une fois passés les somptueux moments d’éternité, ou désespérés, selon, aucune nuit qui ne soit éternelle, sinon. l’ennui, par ailleurs, de ces nuits qu’elle écrit, qu’elle décrit, nuit après nuit. un temps, elle a fait ça, Sonia. - dans la nuit de samedi à dimanche, à Outrée, se prit par l’intérieur du ventre, sortit dans la nuit noire, s’éclaira d’abord de son téléphone, s’habitua, fit les mouvements de tai chi. caresser la nuit. splendeur de l’indifférence et de la vie. Sonia vit au loin le jour arriver, la rejoindre au bord du bassin.
- dans une autre nuit de samedi à dimanche, elle ne comprend rien. elle voit que simplement une nuit se superpose à l’autre et que ça ne fait aucune sens. sa vie comme une longue nuit, qui pourtant lui est précieuse. appartenir à la nuit. cette réciprocité d’appartenance, cette identité, ce temps volé, ce temps reçu, ce temps d’exclusion, d’écriture. de silence. présence de la nuit. sans qu’il faille dormir à la belle étoile, présence perpétuelle du ciel et son immensité, conscience sourde de la terre, de ses silences et des astres, de l’autre dimension, du hors-mesure. soi entre la gravité et la nuit des temps.
de sam à dim, les nuits de Blanche
- Dans la nuit de samedi à dimanche, Blanche dans une chambre avec Yann et Theo, ses frères, le papier peint observé, parcouru au matin des doigts, quelques chambres plus loin, les parents
- Dans la nuit de samedi à dimanche. Blanche au grenier du château avec tous les autres enfants le dortoir, au milieu du dortoir, le trapèze suspendu
- Dans la nuit de s à d, Donat et les autres arrivent en retard les roues sur le gravier, les voix, revenaient d’un pays chaud. Le garçon Donat.
- Dans la nuit de sam à di, au dortoir Blanche et quelques autres se sont silencieusement rhabillés, relevés, les marches descendues, le gravier à la queue leu leu vers l’orée du bois, ont décidé de dormir dans la grange. Cela plaît beaucoup à Blanche, l’odeur, la clandestinité, la nuit. elle dort, ça pique, et au matin, si drôle, de raconte l’escapade à Albane, le petit déjeuner dehors sur la grande table en bois.
- Cette année, Blanche a une chambre seule, dans la nuit de samedi à dimanche, vers la salle de bain quand elle se lève, le plancher grince, l’odeur pourtant forte de la cire, l’image aperçue d’elle dans le miroir, quand elle pousse la porte de la sdb. Poignée de porcelaine. Et le dimanche, cette chambre où elle est remontée, qu’elle pénètre en plein jour, grandeur étrange du lit ouvert et blanc, les oreillers, comme une solitude neuve et belle et folle dans la vastitude des fenêtres ouvertes sur la prairie qui descend vers le village, conversations entendues sur la terrasse. On y parle de l’intelligence de ses frères et de l’Allemagne.
- Une autre nuit de sam à dim, Blanche s’est trouvée dehors un endroit sous les rhododendrons où elle ira dormir seule
- Dans la nuit de samedi à dimanche, Blanche ne dort toujours pas, redoute la rentrée, ne dort pas
On ne dit rien ici des inquiétudes de Sonia quant à, pense-t-elle, la multiplication des instances d’énonciation, là où, pense-t-elle, elle n’en voudrait qu’une et une seule. A la limite 2. L’auteur et le personnage. Qu’il n’y en ait qu’une, d’instance, n’empêcherait pas qu’elle ait plusieurs voix, que du contraire. Une à voix multiples. Comment alors les nommer ces voix. On constatera cependant déjà qu’il y a chez Sonia une grande attirance pour l’un et l’un seul, l’un tout seul, c’est qu’elle n’a pas grand chose de plus et que cet un peut facilement contenir le monde, c’est un est la marque une de l’illimité. le monde s’occupe pour elle de la diversité. Et les vaches seront bien gardées.
très beau voyage dans les nuits d’enfance, d’adolecence et d’âge adulte. Les nuits comme espaces de possibles, de petites folies et d’audaces. Comme espaces hors du temps, temps immobile qui se fige alors qu’on réinvente la vie. Les nuits comme espaces d’expérimentation, de recul des interdits. Merci !!!
merci Sybille.
Pour moi, j’ai l’impression que c’est de plus en plus n’importe quoi.
N’importe quoi les consignes ou n’importe quoi ce que tu écris ?
Parfois pour moi, quand ça se met à flotter (mais je t’en avais parlé je pense) c’est quand mon projet m’échappe et que je ne sais plus trop sur quoi j’écris…
N’importe quoi ma façon de répondre aux consignes !
Il est vrai que je ne sais pas trop ce sur quoi j’écris. Et que j’ai tendance à compter sur l’écriture pour me le dire.
Ici, « répondre aux consignes » prend une place considérable dans mon esprit. Et je devrais prendre le temps de le noter. Ça pourrait faire la matière du projet, ou le filigrane, les extraordinaires obstacles auxquels je fais face. Et une sensation d’échec qui ne me décourage pas. Rencontrer ses impossibles, persister à croire qu’un détour sera possible. Ça reste amusant. Peut-être vain, on verra.
J’aime beaucoup cette proposition, peut-être comme libération, quand on regarde attentivement une toile de peinture abstraite, des textes en quinconce qui progressent en petits cycles, associés à des étapes numérotées, il faudrait recalquer cette manière, construire un petit recueil, dédié à des quêtes d’identité, des quêtes d’approches, ce mouvement de déchiffrage ou d’observations, vers des personnalités fermées, hermétiques, qui … ? je ne sais pas. J’aime ce qui ouvre des possibles… Alors merci beaucoup Véronique !!
C’est moi qui vous remercie Françoise. Heureuse que cela vous plaise beaucoup. Et étonnée. Tenue loin de l’écriture pour le moment, l’obligation variées. J’aime beaucoup ce que vous me dites aussi.