Le lendemain, rêve de Blanche :
Je suis au château (Noirtier). Il y beaucoup de monde. Nous devons partir, prendre un train, rentrer à Bruxelles. Je rencontre Nathalie Fièvre qui me demande de rester quelques jours encore, qu’on puisse étudier, réviser ensemble pour l’examen. Je pense que je n’ai aucune envie d’étudier, que je ne me sens pas du tout en état d’étudier, mais que je resterais volontiers là quelques jours encore. Elle me dit de l’accompagner pour le petit-déjeuner qui va se prendre au village, avant le départ. Je la suis et descendant la route, nous fumons un joint.
C’est un drôle d’endroit où nous arrivons. Très grand, il y plusieurs niveaux, du monde. Je ne me sens pas bien, c’est à cause du joint. Je repère la table du petit-déjeuner. Mon père arrive. Il s’y assied en bout de table. Je m’en vais. Je dois chercher mon petit-déjeuner, et surtout, je voudrais appeler ma mère pour lui dire que je ne rentrerai pas à Bruxelles tout de suite. Mais je n’arrive pas à faire son numéro. Je ne me sens vraiment pas bien. Je retourne finalement à la table du petit-déjeuner, je sais que je les ai fait beaucoup attendre. Mes deux frères sont là assis, assis côte à côte. Mon père fait une réflexion sur mon retard. Il dit : « Je déteste … » Je pourrais lui expliquer, lui dire que j’ai fumé, que je ne me sens pas bien du tout, mais je ne le fais pas. Je me lève. Je m’en vais, c’est définitif.
J’essaie peut-être encore de téléphoner à ma mère.
Ensuite, changement de scène. Au travers d’une vitre, je vois l’intérieur d’une sorte de sauna, pour femmes. Elles sont quatre. Nathalie et Irène sont là. Irène surtout. Irène Doutremont. Elles sont toutes très bronzées. Je pense que ça a l’air agréable. Couchée sur une banquette, nue, peut-être recouverte d’une serviette blanche, Irène est comme envahie par des vagues, qui la prennent, la contournent. Prise dans un semblant de mer. On la sort sur sa civière, nue, élevée dans les airs, à bout de bras, son visage radieux.
Je m’étais demandée si je pourrais y aller moi aussi, mais j’avais pensé que je n’étais pas assez bronzée. Que j’étais blanche, blanche, blanche. J’avais regardé toutes les femmes, il y en avait bien qui étaient moins belles, normales, mais toutes étaient bronzées.
En me réveillant, je réalise que le numéro de téléphone n’était pas celui de ma mère, mais que son indicateur est celui du château, comme si au lieu d’appeler ma mère, j’essayais de m’appeler.
J’aime bien cette façon de perdre le fil. Le titre serait presque de trop, tant on sent la logique du rêve dans les mots.
Ah oui. Oui. Je ne l’avais d’abord pas mis. Puis j’ai tellement aimé ces 3 mots : Rêve de Blanche que je l’ai laissé.
En même temps, je crois que cela ne me dérangerait pas que le rêve soit pointé dans ce qu’il comporte de statut différent pour moi, de rupture.
Rupture dans le récit, échappée. Quelque chose se dit sans toutes les fioritures que je suis obligée de mettre ailleurs. J’aime que cela s’offre comme hors (cette tentative de) récit, dans une voix de personne. Une voix qui ne se coltine pas mes doutes autour de la langue (de la littérature, du roman).
Merci pour ta lecture qui me permet d’avancer.