Un deux trois quatre, quatre deux un trois, deux un quatre trois, trois quatre deux un, trois un deux quatre ; attablées, les trois femmes écoutent l’homme, elles boivent ses paroles, chacune observant l’autre, lui plaire, elles sont trois femmes dans leur peignoir vert émaillé de taches d’huile de sésame taille unique, leurs cheveux huilés, ici pas d’apparat, la presque nudité. Trois femmes qui se connaissent, en peignoir vert, pour un seul homme, ils sont venus ensemble de Cracovie pour deux semaines. Là-bas il leur enseigne le yoga et les masse selon la méthode apprise ici. Toutes les trois savent que ses mains ont accumulé la sensation du grain, de la chaleur, de la fermeté ou de la mollesse de leur peau, de leurs formes. Elles sont trois femmes pour un seul homme. Katia la grande blonde plantureuse aux seins généreux sur lesquels baille son peignoir vert, Cristina plus jeune, la petite maigrichonne qui marche sur son peignoir vert trop long, Marina, pin-up au peignoir vert ceint à la taille, habillée d’un rien, déshabillée d’un rien. Daveesh, indien marié à une polonaise restée au pays, s’entourent essentiellement de femmes et se nourrit de cette admiration aux multiples visages, elles sont trois femmes captives dans leur peignoir vert, médusées par son regard qui traverse leur peignoir vert. Katia lorgne sur Marina, envie ses formes harmonieuses et tente de se placer sous un angle avantageux. Cristina qui vient de quitter l’astrologue espère que son heure viendra malgré une ardente concurrence et puis ce qui est petit est tentant ça se contient en deux mains, trop mince, elle n’est pas aussi attirante dans ce peignoir trop grand, elle souhaiterait sans oser lui dire, que Katia ajuste son peignoir trop ouvert qui invite le regard de l’homme. Elles sont trois femmes ensemble pour un seul homme. Elles se connaissent, savent que chacune perçoit la stratégie de l’autre pour plaire, accrocher ce regard faussement détaché. Il les connaît toutes les trois sur le bout des doigts, comment réinventer le mystère de leur corps pour éveiller son intérêt. Marina, la séductrice ivre de son abondance, c’est sa stratégie. Katia se sait réconfortante par ses formes généreuses, un côté maternel au sourire bienveillant. Mais elles sont trois femmes pour un seul homme, chacune à vouloir gagner la première place, le séduire et se sentir plus belle. Séduire en peignoir vert se sentir reconnue. Daveesh recense toutes ces attentes, évalue son pouvoir, il sait qu’il ne donnera rien. Ils sont trois femmes et un homme collés par la chaleur humide à leur chaise trop lourde. Elles resteront seules, ces trois femmes sans homme quand il aura changé de table pour manger avec leurs voisines.
Fin cruelle tout de même ! toute cette attente pour pas grand chose…
merci Raymonde, pour cette scène pleine de réalité et… drôle…
Vraiment beaucoup aimé et le ton employé est parfait, rythme et scènes données à voir et à sentir. Merci, Raymone.
elles savent que la table voisine est entourée de leurs semblables…
Chère Raymonde, j’ai passé une heure à tenter de rajouter un D à ton prénom dans le commentaire, sans succès… Il ne me reste plus qu’à te prier de m’excuser…
Pas de problème Anne, j’ai même pensé que j’avais mal lu…