Ils sont quatre. Quatre enfants qui dorment sous la couverture. Ils sont serrés, la couverture est trop petite pour les couvrir tous les quatre. Les quatre tirent la couverture à eux, à lui, à elle. Florida tente de tirer la couverture à elle, Gaspard aussi, et les deux autres, l’autre fille, l’autre garçon, tentent aussi de tirer la couverture à eux. La couverture tient. C’est une seule couverture avec quatre enfants dessous, quatre enfants maigrichons qui dorment ou essaient de dormir dessous. Les deux petits dorment. C’est comme si pour eux la couverture n’existait pas, ni la grotte, ni rien. Ils dorment, elle dort, la petite, elle rêve de papillons, il dort, le petit, il rêve de chasse au lapin, mais ni Florida ni Gaspard ne dorment, Florida se fait du souci pour les petits, pour la petite, pour le petit, pour Gaspard, elle a peur qu’ils aient froid, alors elle ne tire pas la couverture à elle, mais voilà que c’est elle qui a froid. Gaspard ne dort pas parce qu’il a peur. La grand-mère, où est-elle ? Gaspard ne la voit pas. Elle garde l’entrée, lui dit Florida, comme si elle savait lire dans la tête de Gaspard, qui a toujours peur mais qui veut jouer les braves et fait semblant de dormir en tirant la couverture à lui, et voilà les petits à découvert et Florida qui les recouvre, et la petite se réveille puis se rendort, et le petit dort comme un bienheureux et Gaspard pense que lui aussi serait bien heureux de dormir, puis le temps passe et les voilà à dormir tous les quatre et leur souffle, ce n’est qu’un seul souffle, le souffle de quatre enfants qui dorment.
Musical
Musical et Social .Quatre enfants dans le froid, la misère et l’insomnie. Le souffle chaud de vos mots les protègent encore un peu. On sait qu’ils existent dans la réalité aussi.