Ils étaient quatre êtres vivants, ils vivaient à quatre dans un espace assez grand pour vivre leur vie à quatre. Tous les quatre avaient des âges différents et n’en étaient pas au même niveau de développement, ils avaient chacun un niveau de développement différent et sur certains aspects leur âge réel n’était pas ce qui déterminait leur niveau de développement. Par exemple le troisième moins âgé avait un désir de vivre plus arrimé en lui que le deuxième moins âgé, alors même que dans la vraie vie l’un avait autorité sur l’autre.
Tous les quatre avaient un appétit de vivre assez grand pour soumettre aux trois autres leurs besoins respectifs, avec les moyens dont ils disposaient, moyens qui dépendaient de leur niveau de développement respectif, qui comme je l’ai dit par certains aspects n’étaient pas en lien avec leur âge réel, mais plutôt par la nature de chacun d’eux. Ils travaillaient chaque jour à la profondeur de leurs liens et à une circulation entre eux qui leur permettait à chacun de suivre leur chemin de développement sans empêcher le chemin de développement des trois autres. En surface les contingences matérielles et le rythme effréné soumis par les nécessités extérieures, qui n’avaient pas toujours grand-chose à voir avec la profondeur de leurs liens, leur faisaient parfois oublier la force de ces derniers, mais les quatre murs au sein desquels ils évoluaient tous les quatre leur permettait à chaque fois de se récupérer et de reprendre leur développement respectif.
Ils mangeaient à quatre et le plus petit des quatre avait régulièrement une assiette différente des autres, mais avait suffisamment créé d’agitation autour de la table pour que le plus grand des quatre décida qu’il pouvait avoir la même chose que les trois autres, même si en fonction de leurs âges, ils n’avaient pas les mêmes besoins. Cette décision avait eu le bénéfice de faire en sorte qu’ils puissent partager un moment à quatre plus régulièrement.
Les deux plus âgés avaient décidé de la vie des deux plus jeunes et les deux plus jeunes n’avaient rien demandé, néanmoins ils réclamaient que place leur fut faite pour mener à bien cette vie qu’ils sentaient croître en eux chaque jour. Ils avaient pour objectif principal dans la vie de se faire une place assez confortable dans celle des deux plus âgés qui le leur rendait bien en mettant en place plusieurs ajustements consistant à libérer un espace suffisamment grand pour qu’ils puissent s’y développer sans cesser de se développer eux-mêmes de leur côté. Cette gymnastique leur prenait tout leur temps et créait des moments de tensions comme des moments plus sereins, qui symboliquement tiraient des fils tous différents par leur nature entre les quatre sommets créés par les quatre cotés que formaient le carré qui pouvait représenter leur vie à quatre à présent.
C’est tissé serré. J’aime beaucoup, on se laisse embarquer et on respire en lisant. Merci.
comme toi, la découverte de Gertrud Stein a été un choc… même si on a accès là à des traductions brutes…ces textes sont déjà assez extraordinaires
je te découvre à travers ce texte dans la même mouvance
(juste pour la petite histoire de ma lecture, j’ai pensé au conte des 3 ours… sauf que là ils sont 4 !!)
à te lire encore…