L’une nettoie le fond des vases, tandis que les trois autres semblent l’ignorer. Une pellicule gélatineuse et malodorante a souillé le fond des vases. Il s’agit pour l’une de nettoyer cela sans attendre, tandis que les trois autres organisent la cérémonie qui se tiendra dans ce lieu. L’un parle aux deux autres d’une voix douce et expérimentée, tandis que celle qui nettoie souffle en rabattant sa lèvre inférieure sur sa lèvre supérieure, car elle frotte énergiquement la matière impie déposée dans le fonds des vases. Une qui organise porte une fourrure légèrement râpée et un collier de perles, elle regarde l’autre, qui organise aussi, avec impatience, elle ne regarde pas celle qui frotte et qui souffle, elle regarde surtout celui qui parle de sa voix douce et expérimentée. Un balai tombe et cela fait sursauter ceux qui organisent et souhaiteraient, semble-t-il, organiser en paix, mais ne tiendraient pas plus que cela à frotter le fond des vases. Celle qui frotte et qui souffle, balaie maintenant d’imposantes dalles de pierre à grands coups énergiques, car c’est un lieu particulièrement exposé à la poussière et aux regards attentifs et potentiellement reconnaissants du Dieu qu’on y prie. Les trois qui organisent continuent d’organiser. Celle dont on n’a pas encore parlé, qui écoute celui qui parle de sa voix douce et expérimentée et qui impatiente, sans s’en rendre compte, celle qui porte fourrure et collier de perles, sourit tout le temps, tandis que les deux autres se jettent un regard entendu. Celui qui parle de sa voix douce et expérimentée hoche la tête avec retenue, il écoute plus ou moins celle qui sourit tout le temps et qui, d’une petite voix fluette et aiguë, exprime son désir de s’impliquer, de chanter peut-être, et peut-être de chanter à l’ouverture de la cérémonie qu’on s’applique à organiser, et sa voix tremble alors. C’est l’émotion qui la fait trembler. Celle qui frotte, souffle et balaie, s’éponge le front de sa main humide, car après avoir frotter le fond des vases et balayer les dalles de pierre sous le regard d’un Dieu comptable, elle passe maintenant la serpillière, et cela, on le suppose, sera également mis à son actif quelque part dans les cieux cléments. La voix tremblante de celle qui sourit tout le temps s’est perdue dans les cintres. Fourrure râpée et collier de perles a baissé les yeux. C’est la gène qui lui fait baisser les yeux. Voix douce et expérimentée serre brièvement ses lèvres rosées. Puis il sourit, puis il remercie celle qui ne sourit plus vraiment, chanter on verra cela, oui, pourquoi pas, on verra cela. Fourrure râpée et collier de perles sourit à son tour, avec bienveillance. Celle qui frotte, souffle, balaie et passe la serpillière a rangé ses objets hygiéniques et essuie maintenant les objets liturgiques, tandis que celle qui recommence timidement à sourire propose de disposer les fleurs, cueillies le matin même dans son jardin, dans les vases fraîchement nettoyés. Fourrure râpée et collier de perles se tord brièvement les mains puis se précipite sur les fleurs car elle maîtrise de longue date l’art floral et sacré. Les deux se regardent un bref moment sous l’œil paternellement amusé de voix douce et expérimentée. On entend tinter le calice et la patène, le ciboire et les burettes, l’encensoir et la navette, celle qui frotte, souffle, balaie et passe la serpillière, astique et sue de bon cœur sous l’œil irrité de voix douce et expérimenté qui voudrait bien finir d’organiser. Bientôt les bouquets sont disposés par la main experte de fourrure râpée et collier de perles, tandis que celle qui sourit tout le temps exprime son admiration, tout en tapant du pied. On organise, on nettoie, on ne s’arrête pas une minute dans la maison de ce Dieu. Demain, celle qui frotte, souffle, balaie, passe la serpillière, sue et astique, chantera faux et fort au dernier rang.
Livre comptable :
– 75 % habitent une rue qui porte le nom d’un écrivain / 25 % la rue Beauséjour.
– 50% rentrent chez elles en voiture / 25 % rentre chez elle à vélo / 25% est déjà chez lui.
– 25% prie en faisant la vaisselle / 25% par obligation professionnelle / 50 % le dimanche devant témoins.
– 25% croit en Adam et Eve et se sent exclue du paradis terrestre à cause de ses péchés / 25% voit dans Adam et Eve une parabole qui éclaire les temps modernes / 50 % n’ont pas d’avis tranché sur la question.