Je suis partie tôt ce matin. En restant dans la même région d’Ile de France, de banlieue à banlieue, je me suis éloignée progressivement de ce lieu de naissance et le trajet s’est complexifié. D’un unique changement à Nation, il s’est métamorphosé en une succession de transferts entre un tram, un bus, un métro et un rer. Le changement de décor est tellement visible entre le point de départ et d’arrivée qu’une fois où j’avais choisi de le faire en taxi, le chauffeur n’avait pu retenir un cri d’étonnement sur le paysage verdoyant et les maisons cachées qui se tenaient à présent en bordure de notre route. J’avais accueilli son émotion, étonnée à mon tour de sa spontanéité, et décidé de la garder intacte pour plus tard, quand il serait temps d’y penser sérieusement.
Le rer est toujours le moment que je préfère, je me place à la fenêtre, et profite de la vue qui s’ouvre à un moment donné bien précis entre Rueil et Chatou sur la Seine. C’est physique et ma poitrine s’affaisse d’un coup en même temps que mon assise plus ferme sur le siège. Ce soulagement du retour chez soi est toujours associé à cette vue prise en mouvement dans le rer, bien calée sur le siège, plutôt qu’à la pensée du retour à la maison qui me serre le corps d’une drôle de façon, comme une force centripète qui étouffe une voix qui n’est pas née.
Je ne rate jamais la station et en sort toujours étonnée des changements réels à opérer sur mon souvenir. Je marche quelques mètres et rejoint la petite rue qui longe la voie de chemin de fer vers saint Germain en Laye. Je m’avance en regardant les maisons autour de moi, en profitant de ce vert qui m’apaise, de cet air moins dense, de ces maisons élégantes et toutes différentes que j’aimerais saisir dans leurs complexités grâce aux efforts d’un peintre attentif qui en aurait fait ressortir les éclats de lumière par un travail patient des ombres. Quelques mètres encore et j’approche du grand portail gris en fer forgé à double battant automatisé qui s’ouvre lentement sur l’allée gravillonnée.
remonte le souvenir de mes années parisiennes et le plaisir de la Seine surgissant (une soeur à Saint Germain en Laye) merci pour le cheminement jusqu’au portail