Pas de fleuve dans mon rêve | seule la douleur au bras droit, la pointe acérée d’une feuille d’agave | absurde angoisse | l’irruption de petits furoncles dont jaillissent sous la pression de minuscules serpents | remonter au plus loin exige de prendre l’avion ou un ferry et puis des avions encore | je ne parle pas du fleuve immense qui sent la terre et remonte dans le temps de la forêt primaire | il est trop lointain à présent même si la crainte des larves du pou d’agouti ne m’a jamais quitté | pas un fleuve, une rivière | une rivière lente, navigable depuis des millénaires | sur sa rive gauche, souvent je suis allé commettre l’erreur de donner du pain aux plus gros des oiseaux volants | faire cygnes | rassurant contact d’un bec qui mange dans ta main | égoïste croyance, rêve anthropocentrique | je parle aux geckos en chasse sur le mur | j’appelle le milan royal, le goéland, le merle, le geai, la corneille, la mésange, le gobe-mouches | en vain | je parle seul | sur leurs autoroutes, les fourmis, elles, savent le chemin indicible | mon bras droit est intact, ni agave, ni serpent, ce n’était qu’un rêve | et le gobe-mouches gris qui chaque année revient nicher trop près de mes chats, serait-il un signe ?
gardons le chat et le gecko, les autres ici qui paraissent à la fin, après l’angoisse de ce voyage allongé (bien belle évocation pourtant, lue depuis le confort presque ennuyeux – relativement)
Merci Brigitte de tes regards. Je vais dire aux chats, aux geckos et à tous les autres que tu les gardes aussi. Je ne suis donc plus seul à leur parler. Merci, ça aide bien.
Ce bestiaire : inquiétant et doux – Le chat ( la chatte j’aurais tant aimé la garder ) oui, les chats toujours! … les oiseaux de loin pour agrandir le ciel et le silence : plumes becs et ailles à distance s’il vous plait. Les fourmis et leur trafic à regarder de près avec lunettes. Ici dans les marais il y a des cygnes noirs et blancs ( le vilain petit canard ça donnait l’envie de grandir). L’autre nuit le rat dans ma chambre malgré la chanson je n’ai pas trop aimé… le texte s’écoule comme une rivière … calme . Merci Ugo
Grands mercis (au pluriel oui) Nathalie Holt de vos passages et retours attentifs. Votre propre texte et l’image du fleuve sont pour beaucoup dans mon lâcher prise qui dérive ici bien loin de la consigne suggérée.
Quelle chance vous avez d’être proches des cygnes blancs et noirs. Faites leur signe de ma part. Merci, merci Nathalie.
Faire cygnes, comme les paroles précédentes, quel texte ! L’angoisse, le rêve, les animaux, c’est envoûtant à lire, un véritable plaisir de mots, une déllèctation et puis les chats la photo, c’est beau, merci Hugo.