Il a grimpé sur le marche-pieds et est entré dans la voiture, wagon de tête du train faisant la liaison entre la gare de Valenziany et celle de Beauchêne.
Avant ça, il s’est élancé sur le quai. Celui-ci est désespérément commun et bien entretenu. Pas d’herbe folle qui pousse dans une fissure, aucune fleur inattendue ne pousse dans le jointure entre deux carreaux. Quelques mégots, au mieux, témoignent de moments d’attente partis en fumée. Il a remonté le quai pour rejoindre la tête du train. Il n’a jamais compris pourquoi les trains ne s’arrêtaient pas tous les jours au même endroit. Parfois, pour rejoindre ce wagon de tête lorsque le train est arrêté, il doit le remonter, d’autres fois il doit aller à la rencontre de la locomotive. Heureusement, quelques fois, qui ne sont pas si rares, la porte pour monter dans la voiture de tête se présente exactement devant lui.
Avant ça, il a traversé la gare de Valenziany. La gare n’est pas très grande, il n’y a qu’une ligne qui y passe. Et deux directions possibles. Vers le sud, il n’y a pas de train qui s’y dirige à l’heure où il arrive. Un voyageur qui veut prendre un train à cette heure-ci n’a pas d’autre possibilité que d’aller vers le nord. Sauf attendre de longues heures pour embarquer dans l’autre direction. Beauchêne se trouve au nord et le train est rarement en retard à cette heure-ci. Après avoir validé sa carte d’abonnement, il entend le train entrer en gare.
Avant ça, il a rejoint la gare à pied. En s’approchant de la gare, le flot de voyageurs grossit peu à peu pour former un cortège de personnes se dirigeant dans la même direction. À l’entrée de la gare, un panneau lumineux vend des voyages aux futurs touristes.
Avant ça, il a acheté un croissant à la boulangerie et a prononcé son premier bonjour de la journée.
Avant ça, il a suivi les chemins dallés qui sépare son immeuble du centre commercial.
Avant ça, il est sorti de son immeuble.
Avant ça, il a descendu les étages en ascenseur.
Avant ça, il a fermé la porte de son appartement.
Tout ça est bien réel, mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, il est assis à une table de travail devant une feuille blanche. Il a les yeux fermés, il essaie de se souvenir. Il essaie de se rappeler ces instants qu’il a vécu des centaines de fois quand, dans le petit matin, il allait prendre le train à la gare de Valenziany pour rejoindre son bureau à Beauchêne.
Aujourd’hui, il tricote les souvenirs qu’il lui reste. Il est dans une chambre quelque part au Pays Basque et il essaie de noircir une feuille de papier en racontant une histoire dont il puise l’énergie dans ce qu’il a vécu. Et pendant des années, il n’a pas vécu beaucoup de choses. Mais il a vécu ça, le trajet quotidien entre son appartement et la gare de Valenziany.
Avant ça, il s’est réveillé dans une chambre d’hôpital. On l’a retrouvé sans connaissance au pied d’un banc près de la gare devant un panneau publicitaire lumineux vantant les merveilles de La Martinique.
donc j’avais r
pardon imploré. Je reprends
donc j’avais raison quand j’avais compris qu’on était dans le retour du jokari, j’ai cru que je me trompais et suis partie du point de départ jusqu’à la porte… tant pis pour moi – en attendant, même s’ils m’indiquent mon erreur, j’aie vos « avant ça »
Comme toi Jean-Luc, et Brigitte donc, je l’aurais écrit en sauts de puces à reculons d’instants en instants, de lieu en lieu… si je n’avais pas réécouté la proposition et réfléchi et tourné en boucle pendant 24heures… et fini par écrire et publier ce que je trouve maintenant trop linéaire et pas du tout dans ce sens si chouette ici…
Bref, bravo, merci, on en parle lundi, donc !!!