#été2023 #02 | molasse et terre battue

Dedans, c’est presque nuit. Molasse et terre battue. Un feu dont il ne reste que des braises. De temps en temps, une flamme renaît puis meurt. Ça dessine des ombres sur le mur qui s’effrite, un mur où sont creusées des niches où sont posés des cailloux peints, des os rongés, un vieux quignon de pain. On pénètre plus profond, on y voit de moins en moins. Des restes de paille, de la sciure mouillée, de la mousse. Brinquebalant, une sorte de banc. Une planche sur deux billots. Au mur, d’illisibles inscriptions, une sorte de flèche, peut-être un cœur, une lettre (un F, ça se pourrait). Ça sent la fumée froide, la crasse, la feuille morte, la poussière. On est déjà tout au fond, c’est noir. Entre deux crépitements, entre deux pas, ce souffle, ces souffles décalés, la vieille couverture rongée qu’on avait apportée pour leur tenir chaud et les quatre enfants dessous, qui dorment. La vieille est restée dehors, à cause des bêtes.

A propos de Vincent Francey

Enseignant, chanteur et clarinettiste amateur, je vis dans la région de Fribourg, en Suisse, et suis passionné de lecture et d'écriture depuis toujours, notamment via mon site a href="https://www.lie-tes-ratures.com/">lie tes ratures mais aussi sur un blog né à la suite de l'atelier d'été sur la ville : fribourgs.com. Auteur d'un livre autoédité, Je de mots, dictionnaire intime, je suis également présent sur YouTube pour, entre autres expérimentations, y parler de mes lectures.

6 commentaires à propos de “#été2023 #02 | molasse et terre battue”

  1. Hé Vincent ! De nouveau ta grange? Figures-toi que je viens d’en pondre une, mais de passage, ça m’a fait penser à ton roman et boum je tombe ici, et c’est déchirant..

  2. C’est noir, palpitant cependant … remuée par la misère et les souffles. Merci.