Dedans, c’est presque nuit. Molasse et terre battue. Un feu dont il ne reste que des braises. De temps en temps, une flamme renaît puis meurt. Ça dessine des ombres sur le mur qui s’effrite, un mur où sont creusées des niches où sont posés des cailloux peints, des os rongés, un vieux quignon de pain. On pénètre plus profond, on y voit de moins en moins. Des restes de paille, de la sciure mouillée, de la mousse. Brinquebalant, une sorte de banc. Une planche sur deux billots. Au mur, d’illisibles inscriptions, une sorte de flèche, peut-être un cœur, une lettre (un F, ça se pourrait). Ça sent la fumée froide, la crasse, la feuille morte, la poussière. On est déjà tout au fond, c’est noir. Entre deux crépitements, entre deux pas, ce souffle, ces souffles décalés, la vieille couverture rongée qu’on avait apportée pour leur tenir chaud et les quatre enfants dessous, qui dorment. La vieille est restée dehors, à cause des bêtes.
Hé Vincent ! De nouveau ta grange? Figures-toi que je viens d’en pondre une, mais de passage, ça m’a fait penser à ton roman et boum je tombe ici, et c’est déchirant..
Non, ce n’est pas ma grange, c’est un nouveau lieu (celui du prochain roman, j’espère). Merci.
Comme une crèche dans l’hiver, trop peuplée…?
Merci pour ce texte qui soulève la suie de l’image à la toute fin du paragraphe.
J’aime bien cette idée de crèche, qui ne m’était pas venue à l’esprit. Je la retiens pour la suite. Merci.
C’est noir, palpitant cependant … remuée par la misère et les souffles. Merci.
Merci Élodie, oui, la misère et les souffles, c’est un bon résumé.