D’abord, c’est le porche de l’immeuble qui me revient à l’esprit, l’image enfouie de la première fois où derrière de lourdes portes cochères en chêne, je me suis engagé dans le passage qui conduit à une cour où se trouvent des ateliers. C’est une allée de la largeur d’une voiture. Lorsqu’il en passe une, rarement, il faut se jucher sur l’un des trottoirs hauts et étriqués, plutôt celui de gauche, coté escaliers et boîte aux lettres en bois, se coller le dos au mur et rentrer le ventre. Je monte les escaliers, deux étages que je descendrai bientôt en glissant sur la rampe en bois, accélérant dans les virages en tirant fort sur les bras. D’ici là, je monte, premier palier, trois portes, trois paillassons à la brosse usée. Je lève la tête, il faut monter encore. À l’entresol une fenêtre haute ouvre sur la cour. Si j’étais assez grand – je le serai bientôt – je pourrais plonger mon regard dans l’atelier du peintre en lettres à la blouse grise. Je monte encore. Deuxième étage, porte de gauche. Il n’y a pas de paillasson. C’est là. Derrière la porte, un long couloir en parquet ouvre sur quatre pièces côté cour, trois côté rue. Au bout du couloir, une porte vitrée opaque ferme les W.C. devant lesquels je le trouverai un jour, allongé sur le sol, son corps épais secoué de sanglots.