Le gardien de la porte est un très vieux noyer. Perché au bord du chemin, il se penche vers vous et vous glisse à l’oreille des mots bas et feutrés de bibliothécaire qui vous admettent dans le lieu, vous chuchote à voix basse les recommandations d’usage, les formules rituelles de bienvenue chez les arbres qui parlent du papier, des encres et du dessin. Montée en lacets pour contourner la pente, ne pas s’y attaquer de face, faire allégeance. Première partie du chemin face au bachal, le bruit de l’eau qui coule, le vert tendre qu’elle fait naître et ces longues herbes fines qui aiment l’humide et jouent avec le vent une musique symphonique d’instruments à frottements. Le filet transparent retient juste le brillant, se détache sur le fond sombre des sapins et des arbres réunis en forêt. Petite musique de nuit de l’eau qui tombe sur l’eau, qui pourrait agacer ceux qui l’écouteraient mal, en faisant obsession, d’elle qui pourtant rassure, qui rafraichit l’été et réchauffe l’hiver en résistant toujours à l’immobilité du gel. La deuxième montée passe sous le potager et puis sous le balcon. On est toujours plus bas, toujours en contrebas. Les premiers pas se font dans l’espace du sentier et les derniers se font dans le temps qui s’arrête. C’est le chalet qui domine, qui protège, qui rassure. Il examine d’abord avant de laisser rentrer, rarement par la porte du balcon, plus souvent par celle de la cuisine, une fois tourné le coin. Les murs austères du dehors, invitent à l’intérieur pour nous faire un statut de résident permanent qu’on soit juste de passage ou là depuis toujours, on a sa place près des pierres, sous les poutres, face au feu, au foyer
miam, quelle belle balade jusqu’à l’âtre… bravo !
On arrive… Mais doucement 😉 Le slow… est à la mode, j’en profite pour trainer un peu… presque un peu plus que d’habitude !
« Petite musique de nuit de l’eau qui tombe sur l’eau, qui pourrait agacer ceux qui l’écouteraient mal, en faisant obsession, d’elle qui pourtant rassure, qui rafraichit l’été et réchauffe l’hiver en résistant toujours à l’immobilité du gel. »
j’écoute cette musique, je découvre le bruit de l’eau
Oui, j’aime bien mettre mon nez un peu partout, mais mes oreilles aussi !
Merci Juliette. Qui pourra habiter ce chalet si bien campé dans ta prose ? Un personnage « résident permanent » lui aussi ?
Bonne question pour la suite : qui est là ?…. Encore un gros carrefour, voir un rond-point de sortie de grande ville tellement j’ai d’idées différentes pour l’instant. Une, un peu au-dessus des autres, mais encore en chantier …
Un texte d’une douce musicalité qui nous fait gravir le chemin.
Il appelle à la patience, la lenteur, avant d’arriver au foyer