Troisième et dernier étage d’un vieil immeuble sans ascenseur. Au bout du couloir une porte grenat, close. Elle cache, elle enferme, elle retient du récit. Au-dessus du judas, un numéro, le trois, en laiton. Sur le seuil rien ne transpire. Ni le moindre rai de lumière, ni la moindre odeur de soupe ou autre plat fumant pour le souper, ni le moindre son de piano ou de voix feutrées par de lourds rideaux en velours qui doublent la porte. Dans le couloir la lumière s’éteint avec brutalité. Le noir est épais percé par une faible lueur provenant de l’œilleton. Elle clignote le temps d’un regard. La porte s’ouvre avec réticence sur une atmosphère sombre et dense créée par la multitude de cadres accrochés aux murs et de statuettes posées sur des tablettes. Il n’y a là que portraits et personnages les yeux rivés sur la porte d’entrée. Les tapis au sol viennent certainement d’Iran et le lustre, de Nancy, acheté dans la boutique du musée d’Art Nouveau. Le petit facteur s’y connait en antiquités ! Sur un porte manteau perroquet en rotin marron, une écharpe noire, un feutre et une redingote d’homme, le tout anthracite. Contre le mur à droite, des cannes, un parapluie et un arc de compétition. Le petit facteur une lettre recommandée à la main sent sa curiosité en alerte. Il avance, elle croît intriguée par l’odeur un peu âcre qu’il n’arrive pas à définir. Il parcourt la nouvelle pièce ainsi découverte d’un rapide regard, la curiosité se fait tant pressante qu’il se hâte de relever, noter, tout écrire dans sa tête pour ne pas oublier. Il écrit cette vaste entrée sombre limitée par une cloison de verre dépoli avec ouverture sur un salon. Il écrit les larges fenêtres à petits carreaux qui donnent sur un parc, et les plantes de part et d’autre du bureau, et le bureau face au ciel. Il écrit les livres, essaie de se rapprocher pour en voir le classement (il aime les classements). Il écrit le canapé sous le lampadaire et se dit que c’est certainement là le coin lecture et il écrit la table basse en verre épais qui écrase les poils d’un tapis en laine écrue quand, le fauteuil du bureau se met à pivoter lentement en même temps qu’une voix grave et enjouée lui dit : Rose m’a dit que vous vouliez me voir? !
Atmosphère intrigante, d’un autre temps… on se demande ce qui se passe ensuite !
Merci Muriel d’avoir pris ce temps de lecture… bien que s’intégrant dans un travail commencé depuis un an ou peut-être deux, je ne sais pas où va ce personnage… j’attends les consignes et je verrai s’il s’arrête là ou s’il a encore quelque temps à passer avec moi/nous…
La rue Niki de St Phalle, Nancy, l’Art Nouveau, le petit facteur qui écrit dans sa tête … envie d’en savoir plus. Merci
Merci Élodie, moi aussi je suis curieuse de la suite… Je ne suis sûre que d’une chose : le facteur est celui qui a un projet d’écriture….