Il était tard dans ma vie pour me lancer dans cette activité, mon temps était passé. C’était un défi. J’ai écrit ce texte sur la table de Babou que j’utilisais comme un bureau. Je l’ai écrit avec Word sur mon gros PC. Trois semaines de travail, des centaines de fautes d’orthographe, des personnages à créer, une intrigue à inventer, le résultat n’était pas extraordinaire, mais il y avait eu ces moments où le texte me débordait, où j’avais l’impression pendant quelques minutes d’écrire avec une matière vivante. C’était une étrange impression, l’implication que je mettais dans l’écriture créait cette illusion de vie. Pour écrire, il fallait que je croie, que je sois convaincu. Sans cette conviction que je ne trichais pas avec la vie en créant ces personnages de fiction, mes doigts s’arrêtaient. Cette rencontre avait un quelque chose de mystique, j’avais rencontré par erreur une Déesse de papier que je devais servir de mon mieux. En échange de mes prières, elle m’offrait ce pouvoir d’écrire pour donner la vie, elle permettait à mes assemblages bancals composés d’êtres différents de lutter contre l’oubli. Le regard que j’avais pris à une personne disparue avait une chance de rester un peu plus longtemps dans les mémoires. Je ne suis pas croyant, je suis une fourmi comme les autres, mais quand je lis un auteur du passé et qu’il me parle je crois un peu à cette magie. Tout cela est bien sérieux et prétentieux, mais se battre contre l’oubli ce n’est pas un jeu futile, et si on n’est pas convaincu que l’on sa place dans la partie, alors on ne peut pas jouer.
« Il était tard dans ma vie pour me lancer dans cette activité, mon temps était passé. C’était un défi. »
« Sans cette conviction que je ne trichais pas avec la vie en créant ces personnages de fiction, mes doigts s’arrêtaient. Cette rencontre avait un quelque chose de mystique, j’avais rencontré par erreur une Déesse de papier que je devais servir de mon mieux. »
« mais se battre contre l’oubli ce n’est pas un jeu futile, et si on n’est pas convaincu que l’on sa place dans la partie, alors on ne peut pas jouer. »
Prière d’insérer ?
La question de la place dans la partie. Oui. On se la pose. Ce sont les autres qui y répondent.
Magnifique écrin que ce mysticisme… c’est extrêmement émouvant : notre part d’écrit, notre part de vraie chair, l’imaginaire universel
en faire partie, poser sa pierre,
tout peut se dire, se lire
le défi est un livre comme un autre