Débordé, bordel. Ce n’est pas l’écriture, mais son impression qui me déborde, me submerge, m’installe assuré et confiant enfin. Les merdiques poèmes tapés à la machine avec copies carbone par Jeanne, l’intime amie de ma grand-mère, furent les premiers. Jeanne, coiffée comme Simone de Beauvoir, avait transformé mon écriture en objet, un deuxième texte. un vrai qui existe. Je n’oublierai jamais Jeanne, la beauté des rides de son visage de marcheuse tanné par le soleil. Les ronéos du journal du lycée vinrent ensuite, puis les tracts à l’université jusqu’à l’affiche imprimée, une fois, officielle et accolée sur tous les campus. L’impression, pas l’écriture. L’objet, objectif de l’égo. Objectivation totale quand le linotypiste transforme mes mots en barre de plomb. L’offset ensuite, chimie abstraite, trop lisse, matière tout de même. La bureautique enfin, enfin seul avec l’ordinateur. Objectivation immédiate, objectivation en temps réel, impressions imprimantes, impressions dans le blog, impressions dans le cloud, impressions dans les réseaux, tous les paluchages onanismiques deviennent objets. Jusqu’à comprendre enfin que nos écritures et leurs impressions ne sont qu’une série de zéro et de un. Rien, rien de plus, rien de moins. Saint Augustin est un con : ce n’est pas la pomme le péché originel.
« La bureautique enfin, enfin seul avec l’ordinateur. »
« Jusqu’à comprendre enfin que nos écritures et leurs impressions ne sont qu’une série de zéro et de un. Rien, rien de plus, rien de moins. »
Saint Augustin n’a pas connu Microsoft ni Apple , comment lui en vouloir ? Mais le bout de crayon gras qui inscrit le prix au kilo sur le pain des familles rachète tout le reste. Ecrire à la main reste une façon d’imprimer indémodable mais pas imputrescible. Il nous faut choisir nos outils comme on choisit une pomme indemne de péché sur l’arbre de la connaissance. La voler si besoin. Belle journée à toi Ugo de l’île.
un genre de crucifixion au plomb
un vers dans la pomme
c’est l’impression
Ahah j’adore !
Oui moi aussi . Ça claque et ça replace …
Merci Marie-Thérése, Patrick, Sophie, Nathalie de vos passages, vos retours, vos textes. Pas vraiment suivi la consigne (comme d’hab) mais comme François Bon avait demandé du rauque n’roll, j’en ai mis un peu dedans. Et c’était tôt le matin !
Superbe !
oui superbe tout
et puis surtout cette transformation du texte une fois soumis à l’évidence et au sérieux de la frappe.