Ca avait commencé un soir, un conte que j’avais lu. Et qui m’avait bouleversée. Je l’avais retenu dans ses plus infimes détails et j’avais raconté cette histoire, ce conte à tout qui je rencontrais. Et pendant des jours et même des mois je le racontais encore et encore. Le temps passait et il n’y avait que cette histoire qui m’habitait. Je ne pouvais pas dire précisément ce qu’il me faisait ce conte, pourquoi il me parlait ainsi, ce qu’il remuait en moi si profondément. Au bout d’un moment il avait bien fallut prendre l’appel en compte, je veux dire, admettre que cette histoire me voulait et qu’il fallait à présent l’écrire à ma façon. J’avais arrêté net les travaux de rénovation de la maison. Mon compagnon était furieux. Il avait fallut déménager alors que la maison était en chantier. Je m’étais installée au grenier. Il y faisait calme. J’avais mis la main sur un vieil ordinateur portable. Un vieux pc à disquette, très épais. Le clavier claquait sous les doigts et la souris se résumait à un petit bouton blanc perdu entre les touches, on aurait dit la gomme circulaire d’un crayon noir. J’avais trouvé sur la rue un petit bureau d’écolière ; des pieds de métal chaussés de caoutchouc surmontés d’une planche de bois en pin de soixante centimètre de large avec tablette à rabat. J’avais souvent l’impression d’y être à l’école. Un lecteur CD dans l’ordinateur portable, le même disque, en boucle, toujours, du piano solo très doux, je me laissais bercer ou hypnotiser par la musique. Il fallait rester au plus proche de ce bouleversement initial, rester toujours en lien avec lui et curieusement, c’était cette musique qui m’y aidait. L’écriture était musicale. Tout comme diviser une histoire en tableaux me paraissait très rythmique. Restait, au sein de ces tableaux à animer les scènes. A les faire jaillir de l’image. Puis laisser les dialogues se tisser. J’avais trouvé à l’intérieur de cette trame préexistante l’espace pour déployer un monde visuel et poétique qui m’appartenait. Je me laissais porter par cette trame. L’émotion qui habitait ce conte était pour moi si forte que je n’avais aucun besoin de travailler à la créer. Il suffisait de laisser le tout se déployer. De soi-même.
C’est beau, le texte attrape le lecteur et l’invite dans les effluves d’une magie qui l’enveloppe. Le seul mot de conte révèle une douceur poétique. Laisse-là se déployer. Merci.
Très beau. On est curieux, tout de même, de ce conte, qui t’a envoutée !