Il ne peut plus écrire deux lignes sans tout effacer. Rien ne va. Sans se concerter, il décide de faire une pause, et il la fait durer. Il est certain qu’il n’écrira plus. Personne ne l’attend de toute façon. Il n’a jamais rien publié et personne ne le lit. Un matin qu’il n’attend pas, il ouvre un texte qu’il a écrit. Il est surpris de le trouver debout, bien avancé. Bien sûr, il n’est pas parfait ce texte mais il y a quelque chose qui le pousse à le lire plusieurs fois. À travailler sa matière. En faisant, c’est comme s’il reprenait le travail d’un autre. Les mots, la syntaxe, les excès, il ne reconnait rien. Il retrouve le souvenir qui aurait pu l’inspirer, il sait de qui et de quoi parle le texte, ils font partis de sa vie. Mais rien dans les mots, rien dans cette manière de dire et de ressentir les choses ne lui ressemble. Il dit que les mots ont jailli hors de lui. Il a l’impression de mentir parce ce que simplement, il n’en a aucun souvenir. Ce qu’il s’est passé, il n’est pas sûr de le comprendre. C’est peut-être ça l’écriture, quand dans ses propres textes, on ne se reconnait plus.