Chaque année, je m’offre une retraite d’écriture. Une semaine complète en solitude et variation géographique.
Une chambre de bonne dans un château, all in, trop in, création ponctuée par les repas, isolement relatif quand les passants s’extasient de la beauté du saule dans la cour sous votre fenêtre. Escapade vélo, escapade cheval, escapade barque, escapade village. Retour à la chambre avec vue sur la cour où les passants s’extasient de la beauté du saule.
Face à la mer en hiver. Le sable danse sous les brises continues. Envie de décrire le lavis du ciel mais impression de cliché. Pas de wifi, je ne peux pas vérifier la banalité de ma métaphore. Faire confiance à l’intuition, à l’esprit modeste. Balayer les émergences poétiques et se laisser happer par la beauté de la grisaille. Sourde et commune.
Le chant des grenouilles à côté du gîte, les frelons aveugles sous les spots, les vaches méprisantes, les chiens pataugeant dans la bouse, heureux de rentrer à la maison noirs de crotte, les poils collés par la merde bovine. Comment écrire l’ennui et cette entaille obsédante qui dit l’erreur de refuge. Qu’est-ce que je fous là ?
Impression de jouer à l’écrivain.
jouer à l »écrivain… mais baigner dans la poésie du monde
et si bien
jouons Isabelle
C’est parti pour quelques semaines !
Et quel jeu Isabelle!
« où les passants s’extasient de la beauté du saule »
» Envie de décrire le lavis du ciel mais impression de cliché. »
Pas dupe la dame ! Ce n’est donc pas le décor qui fait l’écrivain, c’est l’écriture. Votre concision est belle. L’irruption de l’ennui à la fin du texte ne semble pas usurpée. J’imagine les enjeux d’un tel positionnement et la clarté des questions de fond sur l’écriture.
Contente de vous lire.
Merci Marie-Thérèse. Refuges pourrait être une courte fiction de l’écrivain (ou son pseudo) sauvé par la dérision.
Contente de vous répondre.
Je retrouve à vous lire des sensations, des odeurs, et l’image d’un saule, bien loin de mon quotidien marseillais d’aujourd’hui. Où que vous soyez, l’écriture y est.