C’est une rencontre de hasard – le hasard n’est pas neutre – il a son mouvement – je lisais à la bibliothèque des articles théoriques sur l’art de l’incipit – j’ai lu cet article – il m’a happée, m’a donné le tournis, m’a lancée – le souffle de l’article – ce jour-là à la bibliothèque j’ai changé de rayon – non plus théorie mais littérature – cherché sur les tranches ce nom que je ne connaissais pas – que maintenant je connaissais – j’ai hésité, soupesé, il y avait un gros roman, vraiment gros, j’ai hésité – les autres étaient des recueils de nouvelles – j’ai choisi le gros volume.
Étonnement et souffle. Que l’on peut parler des pires choses en faisant danser l’écriture. Car la vie est là. Jusqu’au dernier souffle. Jusqu’à perdre le souffle. Jusqu’à l’évanescence et jusqu’à l’horreur et jusqu’à l’amour. Que le texte dit tout, dès les premières pages, alors que la narratrice ne comprend rien.
Reposé le gros volume sur le tapis des retours – il n’y a plus de mains de bibliothécaires qui tamponnent la date d’abord sur la carte en papier bleu ou rose, et puis sur le feuillet collé à l’intérieur de la couverture – j’ai couru sans reprendre mon souffle à la librairie – je l’ai commandé – flambant neuf en folio. Je l’ai offert aussi, deux, trois fois les mois suivants. Autour de moi on ne connaissait pas. Il avait pourtant reçu un prix littéraire en son temps. Je ne sais pas si je l’ai lu chez moi, au lit, dans le métro, le lieu de ce roman est le monde entier. L’énergie vitale est son ressort, sa colonne vertébrale, sa musique. Je ne l’ai relu qu’en fragments. Comme le temps, la mort et la souffrance ne laissent aux personnages que des fragments brisés de leur vie qu’ils recollent encore car ils existent encore.
« Que le texte dit tout, dès les premières pages, alors que la narratrice ne comprend rien », j’aime cette phrase et ce qu’elle annonce, une écriture forte, motivante, le travail s’annonce intense, et les morceaux à coller plein de fiction et mémoire,
Belle suite, Laure
Cat
Merci Catherine !
Tout est mouvement et souffle dans ce texte et j’aime beaucoup. Mouvement du hasard, souffle du texte et de la lecture, course vers la librairie, mouvement du partage du livre ensuite, l’énergie vitale de ce roman est communicative !
Oui, une grande découverte de ces dernières années.
Alors là Laure, j’aimerai vraiment connaitre ce livre… Ton texte me met sur des charbons ardents, en MP peut-être?
Je suis contente que le « mystère » de l’exercice donne envie de le lire. Je t’envoie le titre mail.
Je suis preneuse aussi du titre de ce livre (en mp aussi ?). Tout commence par le hasard, tiens donc. Et le fait que jusqu’au dernier souffle la vie est là. Le texte aussi respire et bat son rythme. Je suis touchée.
C’est un roman qui ne laisse pas indemne. Comme pour Catherine Plée, je t’envoie le titre par mail.
C’est beau ces livres qui vous donnent cette énergie et ce souffle,
merci Laure à vite.
Merci d’être passée, oui le souffle de l’écriture est difficile à tenir, et quand un texte y parvient, c’est fort. A très bientôt.
« Étonnement et souffle. Que l’on peut parler des pires choses en faisant danser l’écriture. Car la vie est là. » je suis comme Catherine P intriguée impatiente . Merci pour cet élan.
On rentre dans cette urgence à porter le livre contre soi, lourd et riche, et à s’y plonger… ouh la la quelle envie !
Et bien sûr qu’on a envie de savoir de quel livre il s’agit, écrit en langue étrangère, mais la révélation viendra plus tard allez savoir, au détour d’une proposition… ou autre chose…
je te fais confiance pour ça, Laure…