#enfances #00 | perdue quand même

J’arrive, fière, dans le hall de mon immeuble.
il y a devant moi toute une rangée de boites aux lettres dont je ne sais pas encore lire les noms de leurs propriétaires.
Et aussi ma mère, qui me croit perdue. Elle regarde machinalement des enveloppes. Une larme coule sur sa joue. Elle ne m’a pas encore aperçue.
Du haut de mes cinq ans, je ne comprends pas.
Moi qui vient de triompher de mille dangers, moi qui ait retrouvée seule mon chemin depuis l’école où personne ne m’attendait, pourquoi ne suis je pas accueillie triomphalement comme je le mérite ?
Les adultes sont vraiment d’étranges et d’incompréhensibles êtres. Ils font tout à l’envers.
Je suis déçue. J’ai raté mon coup. Mon audace n’a pas la cote que j’espérais. Ma cape d’héroïne devient mouchoir pour pleurer. La perdue pas perdue. La perdue pour moi, pendant longtemps, avant de me retrouver.

A propos de Sandrine Hertig

Mystérieuse.

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