Jeune Dandy
Il doit bien rester quelques parts dans mes mails une trace du formulaire…il y en avait pour quelques 1000 dollars US à l’époque. Il y avait aussi la possibilité d’entrer en contact avec un étudiant sur place qui, pour quelques poignées de dollars aussi, aurait fait les photocopies et me les auraient envoyés. J’en avais contacté un, tellement gentil qu’il m’avait totalement désarmé. A tel point que je n’avais pas réussi à communiquer avec lui. Sans armes, comment communiquer ?
A l’époque, je ne savais pas zencore que je ne savais que piquer, frapper, tacler, décocher. Je n’écoutais pas zassez les zautres pour m’en rendre compte. Aujourd’hui à peine. Peut-être, peut être…que c’est un peu grâce à lui. Ses mails transpiraient la gentillesse. Normalement, ça m’écœure. Mais pas là. Il avait parfumé sa gentillesse avec un je-ne-sais-quoi d’« authentique » qui me faisait perdre mes moyens au poing que je finissais par lui en envoyer un autre, m’excusant platement de n’avoir pas les logiciels adéquats.
Ceci n’est pas un livre. Combien de cahiers ? quelques-uns là encore. Les cahiers du Kent, ça serait un autre joli nom. Ils en ont fait un livre, aucune trahison là. L’ambition de l’auteur transparait de par-tout.
Reprendre mes zétudes. Je l’ai tellement dit haut, fort, partout. Qu’un jour, à bout de tout autre moyen de, j’ai fini par me réinscrire à la fac. Dans les couloirs de la fac de Tours. Je n’y étais jamais entré. Nan, mais…sans déconner. Ce sont des paters de maternelle que je vois là… ? Ah ben c’est sûr, c’est pas ici que je me ferai bouffer. Comment ça marche déjà ? Trouver le bon secrétariat, pour trouver le bon étage. Ca a pas dû changer des masses, l’organisation d’une fac. Je me souviens qu’à la fac d’Aix, il y avait un étage réservé aux études des langues arabes. C’était le dernier, je voulais y aller. Je n’y suis jamais allé. Peut être pour ne pas être déçue. Fort probablement pour ça.
Premier étage ? Cool. Inscription administrative. Faire la queue. Seule. Ils sont à peu près tous « en grappe ». Je suis seule. Et j’ai pas pensé à prendre mon casque. Bien joué. Il faut que je me concentre de toute façon. Je me suis décidé il y a à peine un mois à reprendre mes zétudes, sans avoir rien étudié de la fac, du programme d’anglais, des profs. Rien. Et là, il va falloir que je choisisse mes options. Mouhahaha.
Allez, première réu de l’année, dans un amphi, l’anglais est très séduisant, il y a encore beaucoup d’inscrits même en troisième année. L’avantage d’être seule et de tirer une gueule de 20 pieds de long, c’est que je peux m’étaler, moua et tous les papiers, sur quatre ou cinq places de l’amphi. J’ai besoin d’étaler pour « voir ». Bon poésie, c’est déjà fait. Vu que j’ai rien révisé en m’inscrivant, le calcul est simple. Le moins de texte possible. Reste à choisir entre théâtre et roman. Je me souviens des notes que j’avais en litté. Au mieux, je crois que j’avais atteins un 5 sur 20. Ca semble joué. En plus je suis venu pour la civi. Le reste, m’en fous un peu. Si que, la linguistique. Mais faut pas rêver, j’ai plus le niveau, je ferai de mon mieux.
Un tourbillon déferle dans l’amphi. Un tourbillon dandyesque. Il avale les marches quatre à quatre pour arriver au bas de l’amphi, il semble arrivé tout droit d’un des romans que je ne veux pas lire. Il prend le micro des mains du prof de civi que j’écoutais tout en parcourant les huit à dix feuilles zexplicatives du programme.
« -Bonjour ! Je m’appelle Jeune Dandy, et ceux qui ont un peu d’ambition sauront faire le bon choix et me suivre ! Bien sûr, je m’occupe de l’option « roman ». »
Il laisse pendre le micro au bout de sa main comme il tendrait un mouchoir en soie à peine usé au chauffeur de son hippomobile. Il lui manque quand même le haut de forme, me permettrais-je.
Et de repartir en remontant les marches de l’amphi quatre à quatre, en les survolant comme la chimère qu’ille était, mi-dandy mi ??? mi ???
Ah oui, il y avait au moins trois moitié dans ce corps, au moins.
Je me souviens également qu’il a utilisé un stylo spécial, je l’avais retrouvé en image webique. Je me souviens surtout de sa couleur orange et de sa forme oblongue, comme un dirigeable à main. Je déteste les montgolfières qui s’élèvent dans le ciel et lui donne cet air de rougeole. Mes empires pour un Zeppelin.
Ou un bateau volant. J’en voyais partout à Rennes. Amarrés le long de la Vilaine.
Assis ou allongé comme il pouvait pour supporter les douleurs, il écrivait du Kent toutes les images des Mondes dont il se souvenait. Comme elles venaient. Et moua, en les lisant, je voyais tant et tant de fils que je n’en ai toujours pas fait le tour, de la pelote. Je suis un chat interdit devant une formidable pelote emmêlée.
jolie chute, on observera donc sur la suite le patient et têtu travail du chat
Mirci, je m’étais replongé dans les mousses au chocolat entre temps, mais l’idée de mettre un chat entre moua et lui me parait plus que plus….pourquoi pas.
Libre d’écrire et de partir où on veut.
Je pense à ça en lisant ce texte.
Je pense, tout-à-fait pompeusement, que c’est paradoxalement et simultanément « au-delà » et diamétralement opposé à « La Liberté »…Disons que c’est accessible à partir du Moment où on commence à faire le deuil de l’idée de Liberté…voire de toute Idée.
« un chat interdit devant une formidable pelote emmêlée » (oui, formidable !)
je n’aime po ce mot « formidable »…pourquoi je l’ai mis là…no sé. Mais il est là.