Un livre, jauni, parfum poussiéreux des lieux obscurs, couvert d’un paysage sombre, tableau ancien. Dans la bibliothèque de la maison familiale, qui donc a pu le lire avant moi ? Et pourquoi lui ?Le temps mêle mon âge à celui du héros, l’époque est celle mes grands-parents, me nourrir de la nostalgie que l’on n’éprouve pas quand on a 17 ans. Un héros certes (aurais préféré une héroïne). Sans façon, je m’approprie le vent de liberté que soulève les mots sur le papier vieilli. J’ai vu à 20 ans, la maison de l’écrivain, la forêt alentours. Sensation du dehors raisonnant au-dedans, importance du lieu sur le corps, de la respiration des sentiments. La jeune guide portait le même enthousiasme que moi, il me semble encore l’entendre. Subtile rencontre, partage éphémère, appartenance fugace à ceux qui transmettre. Je ne le possède pas, peut être encore dans la bibliothèque poussiéreuse des parents. Il reste en moi, une voix douce qui sait justement dire ce que personne ne comprend, à l’âge où l’on se cherche une place entre deux mondes. Je l’ai gardé comme un trésor, tapi au chaud puisque c’est lui qui vient, du fond du ventre. Sa quête est toujours la mienne, mon parcours à devenir, celui de toute une vie, d’être vraiment ce que je voudrais être.