Instant décisif. Processus. Ça arrive un jour qu’il n’est pas possible de ne pas. Qu’il faut se lever pour ça : écrire. Ça arrive un jour dans ma vie, tard ( écrivaine du dimanche de tous les jours c’est le truc que j’aime me raconter et qu’il n’y a plus de temps à perdre : si on ne fout rien il ne se passe rien « tant qu’à écrire autant tenter de le faire bien ».tentative de sérieux).
À quel âge de l’adolescence je lis Lettre à un jeune poète et René Char : « tu es pressé d’écrire comme si tu étais en retard sur la vie » Et Martin Eden. Ça me bouscule : je me tâte de la tête aux pieds, je cherche ce besoin impérieux et vital d’écrire. Ça devrait être palpable (c’est l’époque de la peinture) cette tumeur vitale. Ne faire que ça? mais me lever rire danser faire l’amour souffrir souffrir encore et traverser la nuit… Ce ne serait qu’imagination, juste une idée (être artiste), un projet (faire comme) pas cette nécessité : écrire ou autre chose. Peindre, écrire ça existait par pulsion. Par crise à ne faire que ça dans une urgence brouillonne, puis tout laisser en plan. Un jour il y a le choix du métier de théâtre, ça prend toute la place. Je crois que le scénographe ne sais rien faire ou un peu beaucoup de tout, spécialiste de rien : dessiner, analyser, écrire, lire, modeler, architecturer, un peu de tout ça : bon à rien pour de solides châteaux de sable. Bon(ne) à rien ou bon(ne) qu’à ça ?
C’est où bon qu’à ça? Ça arrive un jour que tu ne peux pas ne pas. retrouver cette solitude de l’aube avec le cœur battant : ça ne peut pas ne pas et c’est une urgence calme (calme disent les anglais de S.B.). Rejoindre ces histoires qui forent la tête, ça ne peut pas ne pas prendre la place. Et trouver les mots. Ces histoires que. La forme qui. Et comment. Ça arrive ce moment décisif qui est un processus.
« Ça arrive un jour qu’il n’est pas possible de ne pas. »
Oui, c’est tout à fait cela; cela semble facile, mais c’est tout le contraire pour tout ce que tu énonces et que je reconnais tellement. Merci d’avoir trouvé les mots et surtout le jour où il n’était plus possible de ne pas !