Sans la ligne de l’arc, les pierres ne formeraient pas le pont ; sans les pierres qui le forment, l’arc n’existerait pas. Sous l’arche de pierre s’étend l’ombre du pont, et le quai pavé passe à ras de la voûte. L’écho de l’eau se démultiplie. Les clapots du fleuve ont des couleurs de pierre, un peu vert, un peu gris, un peu mousse, toujours glauque. La réverbération d’un bateau-mouche fait rebondir une anecdote historique en dix langues simultanées. Les clodos se taisent. Ils se tassent dans l’ombre. L’histoire appartient aux touristes, aux baigneurs de la plage urbaine. Qui passe l’été de l’autre côté du fleuve ?
La seconde arche du pont résiste, hiver, été, à la force du fleuve qui avale le temps. Elle ne lutte jamais deux fois contre la même eau.
La troisième arche du pont se perd au-delà.
Quelqu’un traverse le pont. Le pavé ne sonne pas sous ses semelles synthétiques. Ses mains tiennent un téléphone. Ses yeux ne descendent pas jusqu’au fleuve. Ils sont rivés sur l’écran. Ils voient défiler l’eau d’un autre cours, au bout du monde.
La figure du pont avec l’écho de l’eau qui porte loin et cette idée que ce n’est jamais la même eau qui frôle les arches, éternelle…
et ce contraste ressenti à lire le dernier bloc
Salut Laure, te lire à nouveau, raccrocher les wagons de ton histoire…
merci Françoise, j’ai fait une pause, je vais revenir lire les textes, salut à toi !
Tant de mondes se côtoient et s’ignorent dans ce texte tout bref… Longtemps que je nous ai pas lue, et bien contente de replonger
« se côtoient et s’ignorent », oui, c’est si vrai. Merci pour votre commentaire.