#anthologie #01 | Un jeudi

Un jeudi. Descendre du train après avoir lu quelques pages du livre du moment : Neiges de printemps de Yukio Mishima. Ne pas avoir écrit dans le train ; ne pas pouvoir en expliquer la raison. Jeudi, jour et horaire du train corail : un sentiment de partir en vacances. Marcher le long du quai jusqu’à la gare. Faire la sourde oreille en entendant le message d’alerte sécurité. Premier Escalator. Deuxième Escalator ou escalier ? Escalier. Marche après marche. Ne pas se presser, encore un peu de temps, toutefois aucune possibilité de le retenir, ne pas non plus le regarder filer. Une partie de la rue de Rennes à descendre. Prendre un petit déjeuner en chemin. Les portes cochères du numéro cent douze, ne plus s’en intimider. Des bonjours auxquels répondre et en dire aussi à la volée, plus beaucoup de temps pour se retarder. Signer le registre et discuter quelques instants avec la gardienne, retenir la conversation pour ne pas trop la prolonger même si une envie d’aller plus avant en cette période pré-électorale ; sentir une retenue à ce sujet, une suspension, une maitrise de vocabulaire comme un secret à respecter, un devoir de réserve ou rester d’humeur, neutraliser, retarder les questions du vivre ensemble, en faire seulement l’expérience avec sa propre boîte à outils. Ecrire son nom, son prénom, la salle à occuper, l’organisme rattaché, l’heure d’arrivée, l’heure de départ et signer dans la dernière colonne proche du bord du cahier. Ne pas emporter le stylo. Se souhaiter une bonne journée, refermer la porte, en ouvrir une autre toujours difficile à tirer, peut-être rappeler d’en huiler les gonds. Se laver les mains au gel hydro-alcoolique. Dans la salle, beaucoup de monde, plus que les autres jeudi : besoin de se détendre en période pré-électorale ? Des bonjours comme un seul.

A propos de Romain Bert

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