#anthologie #08 | (suite de la proposition 07) Gorgone

Encore endormie sur mon canapé, j’entendis un grand fracas derrière la porte de mon bureau. On aurait dit des bruits de pas spongieux, qui se déplaçaient dans le couloir qui menait à ma salle de travail. Splach, splach, splach…. Brusquement, les bruits s’arrêtèrent , mais attirée par celui d’un écoulement, je vis, au sol,  un liquide transparent s’étaler sous ma porte. Je me levai , d’un coup, paniquée à l’idée , d’une inondation venant du toit, vue  les pluies torrentielles de ces derniers jours.  D’un geste vif, j ‘ouvris la porte  en grand. Et là je vis , plantée, devant moi, toute dégoulinante, une gorgone, mes amis, oui ! Une gorgone de deux mètres de haut , toute visqueuse, sa chevelure serpentine entourant un visage d’une beauté incomparable se répandait sur son corps nu harmonieusement proportionné .  Mais, elle portait des lunettes de soleil ! mes amis ! incompréhensible… dans la pénombre de ce matin d’octobre . Une gorgone, en lunettes de soleil ! Sortie de je sais  quelle surface d’eau stagnante. Peut-être venait-elle du lac des Minimes tout proche ? Ou s’était-elle laissée portée par le courant de  la Marne un peu plus loin…  ou de  la Seine…

En réalité, elle paraissait essoufflée  quand elle prononça ces mots d’une voix cristalline : « Je m’exxxxcuuuuse de voooous dérrrranger, mais… » Elle s’effondra , inerte, comme ça, tout de son long,  devant ma porte , en travers de ma pièce, dans une immense flaque  verdâtre. Terrifiée,  je m’accroupis pour l’observer de plus prés. La première chose qui me vint à l’esprit, c’était pourquoi  une monstruosité  pareille viendrait à s’excuser ?… C’était donc qu’elle ne me voulait pas de mal. Je décidais de  la palper. Son corps était recouvert d’une peau fine de batracien. Son cœur battait ,encore, sous une poitrine voluptueuse. Elle possédait, à ses extrémités deux magnifiques mains aux doigts palmés qu’on aurait  dit étonnement manucurés, ainsi que des petits pieds très raffinés. D’où pouvait venir cette créature échouée devant  l’antre magique de ma bibliothèque. Quelle aventure avait-elle traversée ?

A propos de Carole Temstet

Née , à Paris en 1966 , professeure de français en invalidité depuis 20 ans , j 'ai fait des formations d'atelier d'écriture chez Bing et Aleph. Diplomée en Développement personnel et en Art oratoire , j 'aide aujourd'hui tous ceux qui veulent trouver leur voi-e-x par l'écriture et la lecture. Coach de vie et animatrice en atelier d'écriture dans les milieux scolaires et associatifs, j 'aide adultes et enfants à développer leur créativité et à y prendre goût au sein de l ' association Mots et Pinceaux à Nogent sur Marne. J'ai publié 2 livres à la Société des Écrivains , un premier roman intitulé "Hors sujet" et un roman pour la jeunesse à partir de 9 ans " Violon d'étoiles" illustré par mes aquarelles, dit par P. Calmon (acteur) et joué au violon par I. Scialom (violoniste). (lien à trouver sur Publibook.fr) site FB : Carole Temstet-Lévy-autrice J 'aime apprendre, lire et être lu, écouter et joué du piano, voir des expos et peindre...

4 commentaires à propos de “#anthologie #08 | (suite de la proposition 07) Gorgone”

  1. C’est incroyable où cette proposition nous emmène. J’adore ! Je me demandais juste ce que ça donnerait si le texte passait au présent. Il me semble que ce serait encore plus fort. Mais ce n’est qu’une suggestion, je n’en suis pas sûre.

  2. Une méduse presque !
    La 8 est réellement une tentation de poursuivre la 7, c’est aussi ce que j’ai fait. Je trouve intéressant de créer suites.

  3. Merci pour ce retour . Je préfère des palmes aux ventouses …je trouve ça plus poétique même si c est pas hyper rigoureux . Pourtant il est juste que Gorgone = méduse …

  4. C’est si beau et inattendu, cette créature effrayante qui s’effondre après des paroles polies !