#anthologie #01 | à la pomme

Se garer en sous-sol. Vérifier la fermeture des portes encore une fois à quelques pas de distance. Appuyer sur le bouton de l’ascenseur. Huitième étage. S’agacer de sa lenteur à redescendre. Encourager l’ouverture de la porte inutilement. Entrer dans l’espace éclairé d’un miroir reflétant la lumière jaune d’un plafonnier. Déboutonner sa gabardine, sa veste, son manteau. Ajuster sa chemise, son chemisier, son pull. Tirer sur sa jupe, lisser son pantalon. Sourire. Saluer les entrants au rez-de-chaussée. Baisser les yeux sur ses chaussures. Compter les secondes jusqu’à la sonnerie. Relever le nez à son étage. Saisir un regard ou deux. Traverser un couloir moquetté de sombre. Pénétrer dans l’open space la tête haute, le regard loin, un signe ici et là, un Hi! à la cantonade. Avancer, perchée sur des talons ou chaussé de semelles crêpe, jusqu’à son bureau, impeccable : basket in, basket out superposés, aux sous-chemises de couleur empilées sans déborder, téléphone gris clair et son post-it rappelant le coup de fil prioritaire ou le rendez-vous à organiser, Macintosh Plus trônant au beau milieu de l’ordre. Brancher l’ordinateur. Tirer la chaise à roulettes, s’installer confortablement, attendre devant le petit écran que le Finder s’affiche, s’enfoncer dans le siège. Se redresser. Ouvrir l’application AppleLink. Lire les messages arrivés pendant la nuit, venus d’outre-Atlantique. Démarrer sa journée. 

A propos de Marlen Sauvage

Journaliste longtemps. Puis dans l'édition. Puis animatrice d'ateliers après une formation Elisabeth Bing et DUAAE à Montpellier. J'anime encore quelques stages d'écriture, ai contribué aléatoirement au site des Cosaques des frontières, publié quelques livres – fictions et biofictions – participé à plusieurs ouvrages collectifs. Mon blog les ateliers du déluge.

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