On lui avait interdit de me faire entrer dans le gîte mais assez rapidement elle m’avait ouvert la porte ou la fenêtre et j’aimais à m’y glisser et m’allonger sur le canapé ou sur le lit. Elle s’approchait alors de moi et me caressait longuement mais toujours en plein jour. Jamais elle ne m’ouvrait la porte dans la nuit ou ne me laissait à l’intérieur lorsqu’elle partait travailler. Jamais personne ne m’avait ouvert la porte et donné autant d’amour et pour ne pas enfreindre les règles, je n’ai jamais miaulé.
Elle roulait devant moi au petit matin sous la pluie. Enfin, je ne savais pas encore que c’était une bonne femme à ce moment là mais je trouvais qu’elle ne roulait pas assez vite, j’étais en retard, j’avais du foin à livrer et elle roulait à 90. Bon d’accord, c’est la bonne vitesse sur une nationale mais bon, sa plaque d’immatriculation indiquait qu’elle n’était pas d’ici et moi je connais bien le coin alors je vais plus vite. Bref, je klaxonnais mais elle ne bougeait pas, enfin, elle n’allait pas plus vite et moi j’étais pressé alors je l’ai dépassé en lui faisant un doigt d’honneur. Bon c’était pas sympa mais j’étais pressé.
Je ne suis pas certain de ne pas regretter l’avoir rencontré.
Elle m’avait invité à venir assister à une soirée littéraire, j’avais un peu de retard et lui avait envoyé un message, elle m’avait rassurée. Lorsque j’étais arrivée, il y avait déjà beaucoup de monde dans la bibliothèque aménagée en salle de spectacle ou presque. Les gens se succédaient, les lectures et les mots s’envolaient et mon coeur avait été bouleversé par ce qui était en train de se dérouler dans ce coin perdu où il y a si peu de livres. Elle en avait fait un terrain d’exploration littéraire et j’en étais restée émerveillée.
J’aime bien ces regards concentriques. C’est un jeu de lumières, je trouve ça très théâtral. Merci.
Merci Jean Luc, à te lire.
quelque chose de délicieux dans ce texte à quatre regards…
Merci Françoise pour ce passage.