Écrire sur ou à propos ou en prenant comme objet sujet héroïne personnage quelqu’un.e de connu.e (ne serait-ce que de l’auteur.e) nécessite sûrement de prendre des précautions (comme celles de l’inclusive, comme on dit – l’inclure dans quoi, au fait, cette foutue écriture ?). Je déteste les précautions (c’est un système et ça se constitue en mesure.s, le plus souvent pluriel) elles tuent plus sûrement l’expression comme la spontanéité et font appel au calcul – j’étais, pourtant, (et je le suis toujours) très fort en calcul mental, l’instituteur de huitième (cm1) s’appelait monsieur Descartes, il avait les yeux qui pleuraient et conduisait une Dauphine noire (ce n’est pas son vrai nom, j’ai oublié – il m’envoyait au fond de la classe quand il fallait brandir son ardoise pour donner le résultat de sept fois 42), mais (deux neuf quatre mais ça ne compte pas) si monsieur Descartes lit qu’il avait les yeux qui pleuraient, crois-tu qu’il s’en offusquera ? J’avais dix ans, il en avait soixante de plus, on ne risque pas grand-chose à l’évoquer – c’est en quoi elle adopte et adore la mort – je crois que mes sœurs l’avaient connu, mais point mon frère qui était arrivé en septième – moi en dixième – rétrogradé immédiatement de la neuvième pour fautes d’orthographe au carré dans la première dictée (ou au cube, ou plutôt puissance quatre ou n) début septembre soixante. Ce même calcul nommé de nos jours stratégie, que sous-tend perversion et narcissisme. On a recours aux pseudonymes, certain.es se reconnaissent, on donne des clés, des clefs, des indices, on dit « ça c’est Bacri qui représente cette ordure » – le personnage, le rôle – on joue – mais seulement l’ordure c’est qui ? On s’en fout, on passe le temps avec les ragots… On écrit, on prend modèle, on décrit, on change la teinte des cheveux, la taille, les sentiments. On se retrouve sous les traits de quelqu’un.e d’autre. N’empêche, quand il chante « Osez Joséphine » presque a cappella il est vraiment bien. Qui joue ? Qui va jouer ? Tu crois que le type en question chante bien ? On écrit, on essaye de se trouver de se retrouver sincère, on décrit, des choses et des gens, sans vouloir les blesser – elle serait là, je ne lui dirai rien, elle ne voulait pas lire, mais écrire à son sujet, en faire un personnage de roman ? Je ne sais pas, depuis qu’il est mort, est-ce que ça change quelque chose ? Je ne sais plus pourquoi, mais je suis tombé sur une chanson écrite par Eddy Marnay (quatre mille à son actif, le garçon – il est décédé il y a un moment), il se nommait (pour l’état civil) Edouard Bacri, je crois (enfin, dit wiki) ça a quelque chose à voir ? Son père, son oncle et après ? On en a quoi de plus ? Je ne sais plus
Plaisant à lire et à vous suivre, jusqu’au bout cette fois ! 🙂
merci à vous (toi, je crois: c’est pas toi dans le jardin du palais royal ?)
Piero : j’y ai promené mes mots et mon carnet une année durant, oui. 🙂
ah ben on peut se tutoyer alors… (et merci pour les commentaires)
Belle réflexion sur le droit ou l’intérêt d’écrire par dessus les morts ( ceux qu’on choisit…) et les vedettes. L’habileté à calculer les quantités ne change pas la donne, il faut se « coltiner » la charge mentale comme dirait quelqu’un comme Milène Tournier.On en est tous et toutes là ! Votre photo est particulièrement ajustée au texte. J’ai eu envie d’en prendre une comme celle-ci l’autre jour dans mon quartier. Elle contient tellement du passage du temps et de ses déchirures. Les trois sièges flambant orange comme publicité mensongère : non ! personne ne garde sa place longtemps dans ce bas monde, et il faut bien se résoudre à disparaître. Bacri le taciturne de service l’a compris bien avant de mourir. Un grand acteur pris à son propre jeu.
merci – il y avait quelque chose chez lui qui était toujours pareil semblable constant quoi qu’il joue – un peu comme Humphrey Bogart (bon, après il est moins sûr que comparer Agnès Jaoui et Lauren Bacal nous mène quelque part) (moi non plus) (je veux dire moi non plus je ne vois pas le rapport)
oui mais désolée ne peux plus suivre, vais me contenter égoïstement d’essayer d’écrire
oui,oh vous essayez assez bien (et en plus vous revenez…) Merci à vous
Cette histoire du vrai nom, ça me fait penser (j’espère que je ne t’ai pas déjà bassiné vingt fois avec cette référence, mais bon… on ne rajeunit pas et vue que je n’ai QUE 51, peut-être que c’est toi qui t’imagines une redite, hein ?) ça me fait penser donc, à la technique d’Olga dans Sur les Ossements des morts.. Elle postule (enfin la narratrice, mais je soupçonne l’autrice d’être de mèche) qu’elle connaît le vrai nom des gens, pas celui de l’état civil qui n’est qu’un cache-sexe familial, mais le vrai et elle le donne à chacun. Quand elle n’est pas inspirée, c’est mauvais signe pour l’autre. Tu vois quoi ? Alors, Descartes, oui. Et tous les autres à venir aussi.
oui c’est ça, nous aussi on postule qu’on connaît les « vrais »noms (ah merdre à cette histoire d’âge…!) après on en fait ce qu’on veut…. Merci à toi
je vais me contenter disais-je, quoique… (bon à vrai dire ne trouve rien à ajouter sauf qu’y suis revenue… et puis tiens que j’aime bien le commentaire d’Emmanuelle)
vous avez bien fait (pour lire le commentaire) (bonne suite)