Il s’appelle Olivier, il est ou a été journaliste. Normal pour animer un atelier d’écriture journalistique. Il nous demande d’écrire à propos d’une photo que nous n’avons pas entre les mains, dont nous nous souvenons. Cette photo où je portais une robe jaune et mon petit frère sur les épaules, puis un haïku, puis un article sur l’assassinat du président algérien Mohamed Boudiaf à rédiger chez nous avec la formule des journalistes, le QQOQCCP (ou Quoi, Qui, Où, Quand, Comment, Combien, Pourquoi). On est en 1992, au mois de juin.
Olivier est écrivain aussi, il est publié chez José Corti. En septembre, je commence. Deux ans, un week-end par mois. J’écris ou je n’écris pas. Je ne lis pas ce que j’écris, jamais. Petit à petit, un peu. Olivier veille sur mon silence. Enfin quelqu’un qui ne me surveille pas. Olivier est discret, taiseux, jamais il ne mange avec le groupe. Après tout c’est son choix. « C’est un bon groupe, un très bon groupe », dit-il quand on se retrouve après le café. C’est vrai. On s’entend bien, vraiment bien. On s’invite, on se raconte, on boit et on mange ensemble, on écrit, on se fait même nos propres stages d’écriture sans lui, très loin de Paris parfois, toute une semaine. On continue sans Olivier.
Olivier va à la piscine tous les matins. Je le croise au coin de la rue Mouffetard en sortant du métro. Je travaille tout près. On prend un café ensemble. Octobre 94, Florence Rey et Audry Maupin tuent cinq personnes. C’est mon histoire. J’écris, j’écris. Un jour, je lui montre. « C’est un avant premier roman », dit-il la semaine suivante. C’est tout. Son titre, c’est l’âme-frère. J’arrête, je passe à autre chose, je garde la disquette. Il y a bien d’autres choses dans la vie que l’écriture.
Olivier déménage. C’est drôle, moi aussi. Pour Lyon, moi aussi. On est au mois de septembre 1998. Je lis ses livres. Je les aime de moins en moins. Je l’écoute quand il passe tard une fois sur France-Culture. Je lui mets un mot. Je ne sais pas s’il répond. Un jour en Corse, je cherche la maison, j’appelle un du groupe qui me dit que B. l’a vendue et qu’il n’a plus de nouvelles. De loin en loin, je vois encore Catherine aujourd’hui. Son aventure avec un du groupe est terminée depuis longtemps, elle anime des ateliers. Je ne revois jamais Olivier. Elle non plus, on en parle parfois.
O. Targowla? ou si ce n’est lui, c’est son frère… Mais toujours à Paris, après 2010 selon moi, alors peut-être pas, mais quand même, je le reconnais. Donc si lui, bien portraituré, si pas lui, bien quand même…
Mais oui, c’est lui. On s’est peut-être croisées.
Donner à lire : je ne le ferai plus. Et tant pis !
Au contraire, je le fais de plus en plus quoique encore trop timidement. Il faut juste ne pas se laisser décourager par les non-lectures, les non-retours (même par des collègues ou amis)…que le sujet n’intéresse pas. Continuer sa route en y trouvant du plaisir.
et il FAUT continuer à le faire !
Non, j’y suis allé plus tard que toi , en 2008, je l’ai bien connu et sa femme aussi. C’est drôle!
sa première ou sa seconde ?