Ce qui peut à peine se dire. Qui prend les narines à revers. Ça fout la mort. De l’eau stagnante. Un relent de fleurs pourries dans un vase. Les tiges gluantes qui puent. Qui s’aspirent à fleur de peau. Qui conduisent au vertige. Des lambeaux de corps de fleurs. La chimie des effluves amassées. Chocs des molécules entrelacées. Et le corps qui se décompose déjà . À peine mort. À peine le souffle coupé. Le cou dans le nœud. La corde serrée. Les fleurs sur le cercueil. Les enterrements s’emmêlent. On ne sait plus lequel. Mais l’odeur des fleurs coupées. C’est la pourriture que l’on sent déjà. Message olfactif direct. Ça rentre dans les pores. Avec le bruit de l’odeur qui pénètre. Et les images qui se répercutent. Un venin de vipère qui diffuse. Le danger est là. Bien présent. Le souvenir du danger aussi. Les yeux morts délavés. Cela frappe la cymbale de la tête. On rêve de l’odeur de la pluie. De celle qui s’élève de la terre chaude. Du pétrichor d’après l’orage. Le temps de l’enfance, celui d’avant. Les vitres de ce monde-là sont brisées depuis ce jour. Le jour de la cordelette passée autour du cou. Accrochée à la poignée de la fenêtre. Et la respiration qui s’arrête. Le bruit d’un diable dans l’oreille. La langue râpeuse des mots non-dits. Le silence désormais vide de cris. Et l’odeur de fleurs fanées. Bien ancrée. Accrochée comme du lichen. Une calligraphie olfactive d’un au-delà. Qui peut à peine s’écrire.
on a du mal à respirer en lisant, tu nous happes avec ce rythme haché qui percute
fort et terrible à la fois
je me réfugie dans l’odeur de mes fleurs de campagne… !!
Quelque chose de suffocant et très beau à la fois. Oui « On rêve de l’odeur de la pluie »
Texte difficile à écrire aussi, mais il a surgi sans que je puisse écrire autre chose…Merci Muriel et Françoise.