1/ Lada, les autres ils disent que t’es bizarre, mais moi je t’aimais bien quand tu me chantais des comptines, en me caressant la main manina bella — fa ta penalla — fa ta penna — come si tu sta — fa l’baccio al papa — alla mamma — cate cate cate — Je suis pas contente que tu sois partie, qui va se soucier de moi maintenant Et pourquoi tu m’as pas emmenée avec toi. Tu me manques.
2/ Cette tante qui me tombe du ciel me paraît un peu bizarre. Elle ne parle pas et d’un coup trois phrases s’échappent de sa bouche comme des coups de fusil. Je sais même pas si elle me voit. Elle m’a confié la petite Laura. Elle est peut-être juste fatiguée du voyage. Mais on ne sait pas si ses yeux regardent vraiment. C’est comme si elle était ailleurs. Et quel drôle de prénom elle a .Je me demande comment je vais bien pouvoir l’appeler.
3/ Elle semble plus grande que mon frère, c’est pas courant ça. Mais elle n’a pas l’air bien forte la belle-sœur. Elle n’a pas décroché trois mots. Et puis ce regard qui semble soit vous ignorer, soit vous transpercer, il met mal à l’aise. Je me demande si un sourire se pose parfois sur son visage. Je ne sais pas si elle va pouvoir s’entendre avec ma Joséphine. Et pourtant on aurait bien besoin d’aide. On verra demain après une nuit de repos, ne jugeons pas trop vite.
4/ Tu es comme une nappe pleine de plis, toujours un peu chiffonnée, jamais repassée totalement, où il reste encore quelque trace oubliée d’un ancien repas. Je sais bien que tu as subi notre départ et que tu te sens déracinée, que tes sœurs te manquent, et que tu ne t’es pas remise de la mort de notre petit Isidoro. Mais je ne sais pas toujours dans quel monde tu erres, je n’arrive pas à te rejoindre.