Sa première pige : se munir d’un petit appareil compact, d’un carnet et d’un beau stylo, pour rendre compte du raout donné dans ce jardin par Monsieur Yang avec son nouvel associé pour l’ouverture de son nouveau magasin (et ses nouveaux bureaux dédiés à des services divers), Monsieur Yang était un tenant de la nouveauté. Quitter le macadam pour s’engager sur la route de terre rouge, longer la déchèterie, traverser un bosquet les roues de son solex cahotant sur une des ornières, passer entre les deux poteaux de bois peints en rouge du portail, trouver un petit tronc où amarrer sa monture en rive du parking et pénétrer sur l’étendue verte cernée de buissons fleuris, attendre que Monsieur Yang | flot de sourires et de paroles, posté en lin gris clair à côté de la porte de la tente | soit libre, se présenter, écouter, noter ce qui devait être publié de ce nouveau négoce, montrer son intérêt en posant une question sur l’associé. Ah oui l’associé, il était quelque part… ah oui sur la terrasse, | il s’acclimate, il ne connait rien de la société ni d’ailleurs de l’île, mais il est très bien, il faut que vous preniez son portrait |… la voix monte d’un petit cran, il demande au grand et maigre adolescent appuyé à un poteau soutenant la tente, | mon presque fils, il s’acclimate lui aussi, arrive de l’île Maurice, vient d’en finir avec le Lycée, ses parents étaient mes amis | d’accompagner ce monsieur, le journaliste… La seconde fois, c’était cinq ans plus tard, Monsieur Yang fêtait son Pacs avec son grand, blond et jeune ami. De plus en plus jovial, Monsieur Yang, tout en sourires et amabilités, en louanges aussi de Guy | aussi gentil, charmant, attentionné, drôle que beau, une telle chance cet amour pour ses vieux jours, car oui il vieillissait lui | avec pourtant un moment d’impatience enrobé de gaité pour rappeler à lui le jeune héros qui tenait cour de son âge à petite distance, et pour repousser la toute jeune fille qui arrivait comme tirée par les pas du garçon et risquait de figurer sur la photo de l’heureux couple. L’a retrouvée un peu plus tard la toute jeune fille sur la terrasse où il rangeait son attirail et saluait son ami Mehdi le transfuge, ou du moins l’a devinée, dissimulée qu’elle était, à l’abri, derrière l’associé, ce Monsieur dont il oubliait toujours le nom. Trois ans plus tard, tout récemment, il a retrouvé le chemin du jardin, a garé sa 2cv customisée | très laide avec ses fleurs carnivores, rachetée à un ami, à laquelle s’est finalement habitué, l’adopte ainsi | dans le parking, a retrouvé, comme invité cette fois, la pelouse et la tente sous la terrasse. Le jour de la fête organisée par Monsieur Yang et Guy pour le mariage de son ami Mehdi avec la douce Clarisse, la cousine de Guy. Invisible Monsieur Yang, c’est Guy qui se tenait devant la tente entre les deux mariés souriant tranquillement, avec juste la présence nécessaire, comme des oiseaux posés là pour un temps délicieux d’être limité, et en l’embrassant Mehdi a levé une main vers la terrasse sur laquelle se tenaient Monsieur Yang, puissance grave et bienveillante et son associé, évident, discrètement protecteur, un pas en arrière, comme sur le départ,
Comme j’ai bien fait d’aller d’abord lire votre #03, Brigitte ! Tant aimé votre 03 comme votre 04. Vous avez donné à cette proposition #04 toute sa raison d’être. Et l’usage des barres verticales, comme c’est judicieux et parfait ainsi. J’espère qu’il y aura une suite, mais sans vouloir vous mettre la pression.
MERCI Anne… vais attendre ce soir pour rattraper mon retard chez vous